Une piste pour vaincre les résistances au traitement du cancer du sein

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MédecineUne bonne nouvelle pour le traitement du cancer du sein

Chez 40% des patientes, le médicament standard contre les tumeurs, le tamoxifène, finit par ne plus être efficace. L’Université de Genève a trouvé pourquoi et veut y remédier.

Michel Pralong
par
Michel Pralong
En découvrant pourquoi le tamoxifène ne fait plus d’effet chez certaines malades, l’UNIGE pourrait permettre à ces dernières de pouvoir continuer à l’utiliser, mais avec un autre traitement.

En découvrant pourquoi le tamoxifène ne fait plus d’effet chez certaines malades, l’UNIGE pourrait permettre à ces dernières de pouvoir continuer à l’utiliser, mais avec un autre traitement.

Getty Images/iStockphoto

C’est un espoir dans la recherche contre le cancer du sein. Des chercheurs de l’Université de Genève (UNIGE) ont découvert pourquoi un médicament standard contre cette maladie finit par ne plus être efficace chez 40% des patientes qui le prennent. Mieux, ils sont déjà en train de tester un traitement qui pourrait vaincre cette résistance.

Dans environ deux tiers des cas de cancer du sein, les tumeurs contiennent un récepteur à une hormone naturellement produite par l’organisme, l’œstrogène. Or, quand celle-ci se fixe sur ce récepteur, elle stimule la croissance des cellules cancéreuses. Un traitement a été trouvé: il s’agit d’un médicament qui empêche cette stimulation. La molécule du médicament, le tamoxifène, se lie aux récepteurs de la tumeur et les bloque, empêchant l’œstrogène de venir s’y accrocher.

Sauf que chez environ 40% des patientes qui suivent ce traitement, les cellules cancéreuses finissent par développer une résistance à cette molécule, qui n’est donc plus efficace. Le laboratoire du Professeur Didier Picard du Département de biologie moléculaire et cellulaire de la Faculté des sciences de l’UNIGE a voulu comprendre les mécanismes moléculaires qui sont responsables de ces phénomènes de résistance. Pour ce faire, ils ont modifié génétiquement des cellules cancéreuses avec la technique dite des ciseaux moléculaires. Elle permet d’enlever des gènes. Ils ont donc généré des cellules dans lesquelles il manque chaque fois un gène différent pour tenter de découvrir celui qui entraîne une résistance au tamoxifène et qui permet donc aux cellules de proliférer malgré la présence de ce médicament.

L’absence d’une protéine en cause

Leurs recherches, parues dans la revue «Cancer» les ont menés à la protéine SPRED2. Lorsque celle-ci est présente en quantité suffisante dans les cellules, elle empêche leur croissance en bloquant une voie de signalisation qui active leur prolifération. Lorsqu’elle est absente, ou présente en trop faible quantité, la prolifération des cellules est activée, même sous un traitement au tamoxifène. Les chercheurs ont alors vérifié si cela se confirmait chez les patientes résistantes au traitement. «En analysant des bases de données répertoriant les niveaux d’expression de certains gènes chez les patientes, nous avons pu constater que celles avec un faible niveau de SPRED2 ont des pronostics moins favorables», détaille Dina Hany, chercheuse au Département de biologie moléculaire et cellulaire et l’une des auteures de l’étude.

Un traitement pour inhiber cette activation de la prolifération, comme le fait la protéine SPRED2, est déjà en test clinique. L’idée est ensuite de l’administrer aux personnes qui présentent un faible taux de SPRED2 puis de l’associer avec le tamoxifène, auquel elles ne devraient alors plus présenter de résistance. «Il reste encore évidemment de nombreuses études à mener, mais cette combinaison de traitements pourrait être très prometteuse», conclut Didier Picard.

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