Hockey sur glaceStress et émotions rythment les play-off de la compagne de Bykov
Maud et le No 89 des Dragons partagent leur vie depuis dix ans. Elle raconte comment elle vit cette saison si spéciale avant le potentiel dernier match d’Andrei, mercredi (20 heures).
- par
- Ruben Steiger
«D’habitude, c’est lui qui donne des interviews», rigole Maud, celle qui partage sa vie avec Andrei Bykov depuis un peu plus de dix ans. Depuis leur rencontre lors d’une soirée où ils étaient allés voir un DJ qu’ils aimaient bien, les deux ne se sont plus quittés.
«Tout s’est fait de manière très naturelle entre nous, se remémore-t-elle. Comme je suis Vaudoise, je ne suivais pas particulièrement Gottéron avant de connaître Andrei. D’ailleurs je ne savais même pas qui c’était.» Dix ans plus tard, elle est devenue la plus fervente supportrice du No 89 des Dragons. Avec sa fille âgée de 3 ans. «Elle est déjà fan de Gottéron et elle reconnaît son papa sur la glace».
Comme tout un canton, elles souhaitent que les derniers play-off de la carrière d’Andrei Bykov se terminent le plus tardivement possible. «L’acte VII du quart de finale contre Lugano a été un enfer à vivre, admet-elle. À la fin, je n’arrivais plus à regarder le match. C’était tellement intense émotionnellement.»
Le choc juste avant Noël
De son propre aveu, Maud a toujours vécu les matches avec passion. Mais tout a pris des proportions plus importantes depuis le mois de décembre et le choix de Fribourg-Gottéron de ne pas offrir un nouveau contrat à Andrei Bykov, formé au club et joueur de la première équipe depuis la saison 2005-2006.
«J’ai vécu cette annonce comme un choc. Avec Andrei, nous avons été sidérés. Les coachs lui avaient dit qu'ils étaient contents de lui et je le sentais en confiance par rapport à d'autres périodes où c'était plus incertain. Cela a donc été un coup de massue. Nous avons mis quelques jours à comprendre et à se dire que ça allait s’arrêter comme ça. En tant que conjointe, j’estime qu’il méritait un peu plus de reconnaissance quant à la manière dont cela s’est fait.»
Le lendemain, dans un match où il a reçu l’amour de toute la BCF Arena, l’enfant du club avait, comme un symbole, marqué contre Lugano. «J’ai hurlé de joie à cet instant. C’est l’un des buts que j’ai le plus célébré de ma vie. Je l’ai fait avec la rage, les larmes aux yeux et l’amour. J’ai également été très émue du soutien du public à son égard, que ce soit à la patinoire ou via les nombreux messages magnifiques qu’il a reçus. Ça l'a beaucoup aidé de se sentir soutenu.»
Plus de temps libre en famille à venir
Toutes ces preuves d’amour ont peut-être incité Andrei Bykov à annoncer sa retraite au terme de la saison. L’homme au plus de 800 matches sous le maillot de Gottéron ne se voyait pas en porter un autre. «Je lui ai toujours dit qu’il aurait notre soutien peu importe sa décision et que nous le suivrions quoi qu’il arrive, mais que le plus important était qu’il soit heureux.»
Celle-ci est intervenue le 8 mars 2024 et n’a pas vraiment surpris Maud. «Il est loyal, ça a pu lui porter préjudice mais c’est une qualité que j’admire chez lui et je comprends son choix de rester fidèle à Gottéron. Mais d’un autre côté, quand je vois comme il aime ce sport, l’investissement dont il fait encore preuve et les compétences qu’il montre, je me dis qu’il avait encore du temps devant lui.»
Ce temps, Andrei Bykov le mettra au profit de sa famille. «Nous pourrons être plus flexibles, notamment sur les vacances. Elles ne seront plus imposées par le calendrier du hockey, sourit Maud. Pour la suite, il y a un mélange entre l’appréhension et l’envie qu’il a de le voir se découvrir dans d'autres choses. Mais pour être honnête, nous n’y avons encore pas trop pensé.»
La peur constante d’une fin sur blessure
Il en va de même pour la fin. «C’est drôle parce que je me suis récemment dit que nous ne nous étions jamais partagés nos attentes pour le dernier match. Il y a un peu une forme de déni de repousser ça le plus loin possible, en se disant que tant que nous n'en parlons pas, ça n’existe pas.»
C’est aussi un moyen de laisser Andrei dans sa bulle alors que Fribourg est à 60 minutes des vacances dans sa demi-finale contre Lausanne (1-3 dans la série). Cette situation aléatoire, où tout peut se terminer toutes les 48 heures, génère beaucoup de stress.
«Contre Lugano, j’ai le sentiment qu’il a vraiment considéré pour la première fois que c’était peut-être son dernier match. De mon côté, je vis chaque contact avec la peur que sa carrière prenne fin subitement. Je suis prête à descendre sur la glace si ça arrive, le joueur qui le blesserait devra faire attention à moi (rires).»
L’inéluctable pourrait survenir mercredi (20 heures) lors de l’acte V. Et même si Fribourg s’impose et retarde l’échéance, Andrei Bykov disputera quoi qu’il arrive l’ultime match de sa carrière dans ce mois d’avril. Il redeviendra ensuite un fan de son club de toujours. Avec Maud, leur fille et leur deuxième enfant en approche.