Hockey sur glaceGottéron: un dossier prioritaire traité avec une lenteur extraordinaire
Le club fribourgeois n’a toujours pas pris de décision quant à la succession de Christian Dubé au poste de directeur sportif. La lenteur du processus interpelle alors qu’il est l’heure de préparer la saison prochaine, et les suivantes.
- par
- Cyrill Pasche
Fribourg-Gottéron doit gérer un dossier capital pour l’avenir du club: celui du poste de directeur sportif à pourvoir en vue de l’exercice 2024-2025, officiellement à compter de mai 2024. Christian Dubé, titulaire du poste depuis 2015, n’occupera dès lors plus que la fonction de coach et sera, dès la saison prochaine, sous les ordres du nouveau GM des Dragons.
Une situation curieuse puisque Dubé était tout puissant à Fribourg depuis qu’il avait endossé les deux casquettes - directeur sportif et coach - en reprenant le poste d’entraîneur en octobre 2019. Étonnamment, le dossier de sa succession s’enlise depuis plusieurs mois. Des candidats devraient être auditionnés, mais au mois d’octobre seulement. En attendant, Dubé a toujours le dernier mot à Fribourg, alors qu’il est pourtant l’heure de préparer la saison prochaine, et les suivantes.
Gerd Zenhäusern: le favori
Lorsque l’on sonde des acteurs du hockey suisse, la plupart estiment que Gerd Zenhäusern deviendra le nouveau directeur sportif des Dragons. Premièrement, parce que le Valaisan de 51 ans occupe déjà cette fonction à plein temps, même si son titre stipule qu’il n’est «que» assistant GM (depuis 2021), soit l’adjoint de Christian Dubé à ce poste. En réalité, Zenhäusern est déjà le contact direct des autres directeurs sportifs du circuit et s’occupe de la gestion sportive pendant que Dubé se concentre sur la gestion de l’équipe sur la glace.
Zenhäusern, qui est polyglotte et un personnage apprécié dans le milieu du hockey suisse, a l’avantage de bien connaître la maison fribourgeoise pour y avoir occupé diverses fonctions, dont celle de coach (entre octobre 2014 et septembre 2016) et de responsable de la formation (2016 à 2021). Par contre, sa proximité avec Dubé, avec qui il est proche, pourrait jouer en sa défaveur, estiment les acteurs interrogés à ce sujet.
Avec Zenhäusern au poste de directeur sportif, Dubé conserverait en effet beaucoup de pouvoirs décisionnels et une influence inévitable sur les choix stratégiques. Si Fribourg-Gottéron souhaite rompre définitivement avec ce modèle de fonctionnement, alors le choix d’un directeur sportif venant de l’extérieur s’impose davantage.
Raeto Raffainer: le profil «international»
Les directeurs sportifs suisses disponibles et capables de gérer sportivement un club comme Fribourg-Gottéron ne courent pas les rues. Le premier nom qui vient à l’esprit est celui de Raeto Raffainer, ancien directeur des équipes nationales, mais aussi ex-directeur sportif du HC Davos et du CP Berne. Le Grison de 41 ans s’est beaucoup investi du côté de la Fédération internationale de hockey, où il est actuellement membre du Conseil de l’IIHF. On lui prête d’ailleurs des aspirations à y devenir un jour président. Serait-il tenté par le poste de directeur sportif des Dragons? Il botte évidemment en touche, sans pour autant totalement fermer la porte. «Oui, je suis intéressé par un retour dans une fonction similaire à celle que j’ai occupée à Davos et à Berne par le passé, et je suis motivé par l’idée d’apporter mon savoir-faire à une organisation de National League. Mais pour l’instant, il n’y a rien de concret allant de ce sens.»
Ses avantages: il est expérimenté et connaît le métier sous toutes ses facettes, son carnet d’adresses à l’international est vaste, ce qui pourrait ouvrir bien des portes à Gottéron, notamment au niveau des synergies avec des clubs de pointe étrangers. Mais aussi: il a joué avec le CEO John Gobbi (à Ambri) et avec Christian Dubé (à Berne). Polyglotte comme Zenhäusern, il parle aussi couramment le français, et sa personnalité lui permet de se démarquer dans les rôles de représentation qu’il affectionne, notamment auprès des sponsors. Un aspect non négligeable à Fribourg. Une tache sur le smoking tout de même: son passé récent avec le rival du SCB pourrait évidemment froisser les supporters les plus endurcis du club et en faire un choix peu populaire.
A l’étranger ou en Swiss League: le choix osé
Enfin, se tourner vers l’étranger, d’où de nombreuses postulations proviennent, ou vers la Swiss League. Un directeur technique étranger, sur le modèle emprunté par Kloten avec l’engagement d’un directeur sportif canado-allemand - Larry Mitchell - qui ne connaissait jusque-là que le championnat d’Allemagne. Un Nord-Américain, un Suédois, un Finlandais, ou autre? Pourquoi pas? L’avantage: un regard frais, des méthodes et idées différentes. L’inconvénient: un temps de retard pour apprivoiser les particularités du hockey suisse, notamment sur le plan culturel, et pour connaître dans le détail les joueurs du championnat.
Et, finalement, pourquoi ne pas se tourner vers la Swiss League? L’EV Zoug, l’un des clubs les plus puissants du pays, a enrôlé son directeur sportif, Reto Kläy, alors qu’il officiait à Langenthal en 2014. Près de 10 ans plus tard, l’ancien défenseur est toujours en poste. Rapperswil s’était tourné vers Janick Steinmann, alors que celui-ci travaillait en Swiss League avec l’EVZ Academy en tant que coach assistant et responsable du développement.
A La Chaux-de-Fonds, Loïc Burkhalter, un Romand, a bâti une équipe championne de Swiss League capable de briguer la promotion en National League. N’aurait-il pas, lui-aussi, le profil pour faire partie des candidats au poste de directeur sportif de Fribourg-Gottéron?