Les glaciers du Groenland fondraient 100 fois plus vite que prévu

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ClimatLes glaciers du Groenland fondraient 100 fois plus vite que prévu

Le modèle de calcul de fonte utilisé jusqu’à présent était celui utilisé pour l’Antarctique, mais la nouvelle approche adaptée aux parois verticales donne des résultats très inquiétants.

Michel Pralong
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Michel Pralong
La fonte des glaces de parois verticales donnant sur l’océan est très différente de celle des plates-formes de l’Antarctique.

La fonte des glaces de parois verticales donnant sur l’océan est très différente de celle des plates-formes de l’Antarctique.

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«Jusqu’à présent, les modèles de fonte du front glaciaire du Groenland étaient basés sur les résultats de l’Antarctique, où le système est assez différent», a déclaré Kirstin Schulz, auteure principale d’une nouvelle étude, qui travaille au sein du groupe CRIOS (Computational Research in Ice and Ocean Systems) de l’Oden Institute à l’Université du Texas. «En utilisant notre simulation dans un modèle océanique ou climatique, nous pouvons avoir une bien meilleure idée de la façon dont les fronts verticaux des glaciers fondent».

Et cela n’est pas du tout rassurant. Ce modèle, le premier conçu spécifiquement pour les fronts glaciaires verticaux, où la glace rencontre l’océan à un angle aigu et qui reflète les observations récentes de fronts glaciaires en Alaska, montre qu’elle fondrait jusqu’à 100 fois plus vite qu’on ne le supposait auparavant.

Connaître la fonte de la calotte glaciaire du Groenland est crucial pour prédire l’élévation du niveau de la mer, explique Phys.org. Cette étendue gelée de glaciers est en effet la deuxième plus grande sur Terre et couvre environ 80% de la nation nordique. Si elle fond entièrement, comme elle l’a fait il y a environ 125 000 ans, le niveau mondial de la mer pourrait augmenter d’environ 6,1 mètres.

Danger de chute de glace

Pourquoi alors a-t-on employé le modèle de l’Antarctique pour calculer la fonte au Groenland? Parce que, pendant des décennies, le danger de chute de glace a éloigné les océanographes des falaises déchiquetées du Groenland, les forçant à baser leurs simulations sur les plates-formes de glace stables de l’Antarctique. «C’était le mieux que nous pouvions faire compte tenu des observations limitées. Mais qui savait si c’était juste ou pas? dit Kirstin Schulz. Aujourd’hui, il y a de plus en plus de preuves que l’approche traditionnelle produit des taux de fonte trop faibles sur les fronts verticaux des glaciers du Groenland.»

Des kayaks robotisés

Il y a quatre ans, Rebecca Jackson de l’École des sciences environnementales et biologiques de Rutgers, dans le New Jersey, a envoyé des kayaks robotisés remplis de capteurs océanographiques à moins de 400 mètres du glacier LeConte en Alaska, où les gens n’osent pas marcher. Son ensemble de données a brossé un tableau inattendu: le front du glacier fondait 100 fois plus vite que les modèles existants pouvaient le prédire.

C’est en se basant sur ces données qu’un nouveau modèle informatique a été conçu, présenté dans la revue «Geophysical Research Letters» et tenant compte de la forte pente des glaciers du Groenland. «Les résultats des modèles climatiques océaniques sont importants pour l’humanité pour prédire les tendances associées au changement climatique, vous voulez donc vraiment les faire correctement», a déclaré Kirstin Schulz.

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