SuisseRecyclage des batteries: le secteur automobile ne veut pas de taxe
En Suisse, les voitures électriques ou hybrides connaissent un véritable boom. Mais les constructeurs ne veulent pas de taxe pour éliminer les batteries usagées.
Les Suisses roulent toujours plus vert. Au point que les voitures électriques ou hybrides représentent désormais un tiers des nouvelles immatriculations dans notre pays. Mais cet engouement suscite un sacré défi: comment s’assurer que les batteries usagées sont correctement recyclées? Si en Europe, Bruxelles a prévu pour 2022 un concept pour récupérer les matières premières des accumulateurs de voitures usagés et d’en intégrer un minimum dans les nouvelles batteries, la Suisse a pris du retard. En effet, Berne souhaite introduire une taxe fédérale de recyclage de quelques centaines de francs en fonction de la taille de l’accu. Mais le secteur automobile n’en veut pas.
Il faut dire que la loi lui permet de rechigner. En effet, elle prévoit que quiconque met des piles en circulation doit verser une taxe d’élimination anticipée à l’Office fédéral de l’environnement ou à l’organisation Inobat. Ainsi en 2020, quelque 19 millions de francs ont été récoltés à ce titre. Mais il est possible d’échapper à cette taxe si on organise le recyclage soi-même. C’est ce qu’a fait le secteur automobile jusqu’ici et c’est ce qu’il entend continuer de faire.
En effet, au moins deux demandes en ce sens ont été déposées à Berne, selon le Tages-Anzeiger. Elles émanent d’Auto-Suisse – l’association des importateurs suisses d’automobiles – et de l’Association suisse du commerce automobile indépendant (VFAS). Les deux associations veulent une solution plus avantageuse et moins étatique. Elles mettent en avant que de nombreux constructeurs ont mis ou sont en train de mettre en place des centres de reprise des batteries à l’échelle européenne.
Les Verts critiques
L’affaire a pris une tournure politique. Ainsi, les Verts demandent au Conseil fédéral que la Suisse reprenne le modèle de l’UE. «Si on laisse le recyclage des piles à la seule branche automobile, le problème principal sera de savoir comment contrôler qu’il se fasse correctement», souligne le conseiller national Vert valaisan Christophe Clivaz, auteur d’une interpellation à Berne sur la question. «Le secteur automobile a montré par le passé qu’il n’était pas un modèle en matière de protection de l’environnement, notamment lors du Dieselgate», rappelle-t-il.
Auto-Suisse s’oppose à cette critique. Selon elle, tant les constructeurs automobiles que les importateurs ont intérêt à ce que l’élimination des véhicules en fin de vie se fasse dans le respect de l’environnement et des règles de l’art. «Les batteries contiennent des matières premières précieuses dont la récupération est rentable tant du point de vue écologique qu’économique», explique son porte-parole, Christoph Wolnik.