Un parasite aide les loups à devenir chefs de meute

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ZoologieUn parasite aide les loups à devenir chefs de meute

Les animaux infectés deviennent plus audacieux et dominent leurs congénères, devenant souvent les seuls à se reproduire.

Michel Pralong
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Michel Pralong
En modifiant le comportement de ses hôtes intermédiaires, ici le loup, le parasite a plus de chances de se propager.

En modifiant le comportement de ses hôtes intermédiaires, ici le loup, le parasite a plus de chances de se propager.

Getty Images/iStockphoto

Les parasites pourraient bien jouer un rôle plus important que l’on imaginait dans les écosystèmes. C’est ce que suggère une nouvelle étude menée durant 26 ans sur plus de 200 loups du parc Yellowstone, aux États-Unis. Les chercheurs ont découvert que les loups infectés par un certain parasite devenaient plus facilement chefs de meute.

Ce parasite, c’est le Toxoplasma gondii (T. gondii), capable d’infecter toute espèce à sang chaud, humains compris, et responsable notamment de la toxoplasmose. Il se transmet de plusieurs manières. Soit via des hôtes intermédiaires, lorsqu’ils sont dévorés par des prédateurs ou que leurs excréments les infectent. Soit le parasite se reproduit sexuellement, mais uniquement chez ses hôtes définitifs qui sont les félidés.

Les rongeurs se laissent plus facilement manger

Plusieurs études ont déjà montré des changements de comportements chez des hôtes intermédiaires, comme le rappelle «Nature». Les rongeurs infectés par T. gondii voient leur peur des chats diminuer et leur comportement exploratoire accru. Résultat: ils se font davantage dévorer par les chats, qui sont à leur tour infectés et où, cette fois, le parasite peut se reproduire. Cela a également été constaté chez les hyènes. Les bébés infectés deviennent plus audacieux et les individus de tous âges sont plus susceptibles d’être la proie des lions. Chez les chimpanzés également, les sujets infectés prennent plus de risque et finissent davantage dans la gueule de grands félins.

L’intérêt de mener une pareille étude chez les loups de Yellowstone est qu’ils représentent un hôte intermédiaire et côtoient les cougars, qui sont un hôte définitif. Les résultats ont montré que les loups contaminés étaient 11 fois plus susceptibles de quitter leur famille biologique pour fonder une nouvelle meute et ont 46 fois de plus de chances de devenir chefs de meute.

«De plus, nos résultats suggèrent que les loups contractent T. gondii directement des couguars ou de leurs oocystes excrétés, et non par l’intermédiaire d’un hôte intermédiaire, écrivent les chercheurs dans leur étude. Celle-ci démontre également «comment les interactions au niveau communautaire peuvent affecter le comportement individuel et pourraient potentiellement s’étendre à la prise de décision au niveau du groupe, à la biologie des populations et à l’écologie communautaire».

Des loups plus hardis, ayant tendance à élargir leur territoire, cela a évidemment également des conséquences sur ses relations avec l’homme. Quant à la propagation du virus, elle trouve plusieurs avantages dans ces comportements: par la reproduction accrue des loups infectés, par leur plus grande dispersion et par leur mortalité plus grande (et donc le fait que leurs cadavres puissent être dévorés par des cougars).

L’humain infecté deviendrait sexuellement plus attirant

Une étude sur le même parasite, mais menée sur l’humain, suggère que là aussi, cela modifie ses comportements. Un homme ou une femme infectés seraient jugés plus attirants et en meilleure santé par leurs congénères et auraient donc davantage de partenaires sexuels. Le parasite peut ainsi plus facilement se transmettre.

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