L’intervention du Hezbollah en Israël pour le moment mesurée

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Conflit Israël-HamasL’intervention du Hezbollah pour le moment mesurée

Les liens étroits entre le Hezbollah et le Hamas font craindre une escalade de la violence au Liban. Une situation qui serait catastrophique pour ce pays déjà ravagé par la crise financière. 

Trois membres du Hezbollah ont été tués lundi.

Trois membres du Hezbollah ont été tués lundi. 

AFP

Tout-puissant au Liban, le Hezbollah pro-iranien s’est contenté jusqu’à présent d’une intervention limitée dans la guerre déclenchée par son allié, le Hamas palestinien, contre Israël, qui a déjà fait des milliers de morts. Mais les liens étroits entre les deux formations pourraient le pousser à ouvrir un nouveau front à la frontière nord d’Israël, notamment en cas d’offensive terrestre sur Gaza, estiment des analystes.

Le Hamas et le Hezbollah ont constitué, depuis bien avant l’attaque du 7 octobre, une «chambre d’opérations communes» avec le Jihad islamique palestinien et la Force Al-Qods, l’unité d’élite des Gardiens de la révolution en Iran, selon une source proche du Hezbollah. Et ils coordonnent leurs actions depuis des années, dans le cadre de «l’axe de la résistance», englobant les mouvements palestiniens, libanais, irakiens et autres opposés à Israël et proches de l’Iran, qui leur fournit un soutien financier et logistique.

Invasion terrestre en préparation

Pour l’analyste Mohanad Hage Ali du centre Carnegie pour le Moyen Orient, dans le cas «d’une invasion terrestre globale sur Gaza, le Hezbollah pourrait se trouver contraint à participer à la guerre», en vertu de cette «unité des fronts». «Une attaque décisive contre l’une des composantes de cette alliance, qui pourrait annihiler le Hamas», pousserait à «l’intervention des autres composantes», explique-t-il.

Un porte-parole militaire a indiqué, jeudi, que l’armée israélienne se préparait à une «manœuvre terrestre» sur la bande de Gaza mais que rien «n’a encore été décidé».

Depuis dimanche, au lendemain de l’attaque sanglante du Hamas, le Hezbollah, qui dispose d’un formidable arsenal, annonce bombarder des positions israéliennes proches de la frontière entre les deux pays. Le Hamas et le Jihad islamique ont également revendiqué, depuis la frontière libanaise, un bombardement et une infiltration en direction d’Israël.

Equilibre de la terreur

Mais les opérations sont pour le moment restées limitées, de même que les bombardements israéliens sur les abords des villages frontaliers dans le sud du Liban. Une source diplomatique occidentale à Beyrouth souligne qu’Israël et le Hezbollah sont pour le moment «restés dans le cadre des règles d’engagement» tacites qui prévoient des représailles équivalentes.

«L’équilibre de la terreur» prévaut depuis la guerre de 2006 entre les deux parties, qui avait fait plus de 1200 morts côté libanais, en majorité des civils, et 160 côté israélien, militaires pour la plupart. La formation pro-iranienne a ainsi souligné mercredi avoir tiré des missiles guidés sur une position israélienne en riposte à la mort de trois de ses militants dans un bombardement de leurs postes d’observation, deux jours plus tôt.

Mais «il y a un risque réel que la situation dégénère en cas d’élément déclencheur, comme une offensive terrestre à Gaza ou des civils tués de part et d’autre», selon la même source diplomatique. «La position du Hezbollah depuis 2006 a été centrée sur la dissuasion plutôt que sur l’affrontement militaire», note Aram Nerguizian, du Center for strategic and international studies (CSIS). La formation chiite, qui dispose, selon lui, d’une «combinaison de plus en plus sophistiquée de capacités de missiles» contrôle de facto le sud du Liban malgré le déploiement de l’armée libanaise et des Casques bleus de l’ONU.

Coût terrible pour le Liban

Le 14 août, son chef Hassan Nasrallah avait mis en garde Israël, qui avait menacé de ramener le Liban «à l’âge de pierre» si le Hezbollah le provoquait. Il suffit «de quelques missiles de haute précision» au Hezbollah pour détruire «les aéroports (..), les centrales électriques, les centres de communications et la centrale (nucléaire) de Dimona», avait-il répliqué.

En mai dernier, le Hezbollah avait dévoilé des armes lourdes lors de manoeuvres dans le sud du Liban, et simulé une attaque de drone contre une localité israélienne. Ses combattants avaient également simulé une infiltration pour une attaque via une brèche dans le mur en béton érigé par Israël à la frontière. Israël et Washington, qui a dépêché un porte-avions dans la région, ont mis en garde le Hezbollah contre l’ouverture d’un nouveau front.

Le coût d’une nouvelle guerre pour le Liban, déjà exsangue économiquement, serait terrible. De plus, «la polarisation politique et communautaire est à un tel niveau que dans le cas d’une nouvelle guerre d’ampleur dans le sud du Liban, les électeurs chiites du Hezbollah qui fuiraient ne seraient pas bien accueillis par leurs compatriotes» d’autres communautés, contrairement à ce qui avait été le cas en 2006, prévient Aram Nerguizian.

(AFP)

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