Royaume-Uni – La femme du ministre des Finances renonce à son avantage fiscal

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Royaume-UniLa femme du ministre des Finances renonce à son avantage fiscal

Critiquée depuis plusieurs jours outre-Manche pour avoir économisé des millions en impôts, Akshata Murty a annoncé renoncer à un statut fiscal privilégié.

Le ministre des Finances Rishi Sunak et son épouse Akshata Murty, le 9 février 2022.

Le ministre des Finances Rishi Sunak et son épouse Akshata Murty, le 9 février 2022.

AFP

Après avoir été vivement critiquée en raison des millions économisés en impôts grâce à un statut fiscal privilégié, Akshata Murty, la femme du ministre britannique des Finances Rishi Sunak a annoncé vendredi que ses revenus à l’étranger seraient désormais taxés au Royaume-Uni.

La richissime Akshata Murty a indiqué dans un communiqué qu’elle ne comptait plus «réclamer la remise fiscale» dont elle bénéficie en raison de son statut de «non dom» (non domiciliée), un statut légal qui remonte à 1799 et qui lui permet d’éviter de payer au fisc de sa majesté des impôts sur ses revenus étrangers, quand bien même elle vit à Londres.

Ce statut privilégié fait mauvais genre en pleine crise du pouvoir d’achat au Royaume-Uni et a alimenté les critiques qui visaient déjà son mari, le ministre des Finances Rishi Sunak. Ne souhaitant pas être une «distraction» pour son époux, Akshata Murty a assuré qu’elle allait désormais payer des impôts au Royaume-Uni sur la base de tous (ses) revenus mondiaux». «Je le fais parce que je le souhaite, non pas parce que la réglementation m’y oblige», a-t-elle souligné.

Éloigné des réalités

Jeune étoile montante des conservateurs qui avait dépensé sans compter pour aider les Britanniques pendant la pandémie, le chancelier de l’Échiquier, encore considéré il y a quelques semaines comme le favori pour succéder à Boris Johnson, a été rattrapé par l’envolée des prix dans le pays.

Avec des mesures d’aide jugées loin d’être à la hauteur de la chute historique du pouvoir d’achat encaissée par les ménages, le ministre millionnaire, ancien banquier d’affaires éloquent de 41 ans, est apparu comme insensible et éloigné des réalités.

Donnant du grain à moudre aux attaques de l’opposition sur son train de vie, le journal «The Independent» avait révélé cette semaine le statut fiscal avantageux de son épouse, richissime Indienne, fille du cofondateur milliardaire du groupe de technologies Infosys. Plus tôt vendredi, Rishi Sunak avait dénoncé une «campagne de dénigrement» venant des rangs de l’opposition travailliste. «Salir ma femme pour m’atteindre, c’est affreux», a-t-il dit dans une interview au tabloïd «The Sun».

Train de vie

Selon les estimations du quotidien de gauche «The Guardian», Akshata Murty a touché 54,5 millions de livres de dividendes d’Infosys depuis 2015 et son statut lui aurait permis d’éviter de payer 20 millions de livres (24 millions d’euros) au fisc britannique.

«Ma femme est née en Inde, elle y a été élevée» et «il ne serait pas raisonnable ni juste de lui demander de couper les liens avec son pays simplement parce qu’elle est mariée avec moi», a plaidé Rishi Sunak. Sans convaincre tout le monde, de nombreux experts relevant que le statut n’a rien à voir avec la nationalité.

Les révélations sont mal passées dans un pays qui voit le coût de la vie s’emballer, avec une situation qui va s’aggraver à la suite de la hausse massive des factures de gaz et d’électricité le 1er avril. Elles ont mis en lumière, dans ce contexte difficile, le train de vie des Sunak, qui possèdent des propriétés aussi bien dans le Yorkshire (nord de l’Angleterre), où le ministre est élu, qu’en Californie.

Vendredi, le journal britannique «The Independent» a aussi révélé que le ministre était listé parmi les bénéficiaires de trusts dans les Îles Vierges britanniques et aux Îles Caïmans, deux paradis fiscaux. De quoi alimenter les critiques de l’opposition sur des conservateurs qui profiteraient du système pour leur convenance personnelle, faisant fi des règles imposées aux autres.

(AFP)

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