FootballDans l’impasse face aux fans violents, la Belgique sévit
Tandis que les ultras font front commun en Suisse contre d’éventuelles punitions collectives, c’est précisément le chemin qu’a choisi la Pro League belge. Une mesure prise «à contre-coeur», mais saluée par les autorités du Plat pays.
- par
- Adrien Schnarrenberger
Un mois presque jour pour jour avant le Servette – Lausanne, c’est toujours l’incertitude: les fans pourront-ils vivre le derby du 10 mars au Stade de Genève? Les débordements du 9 décembre continuent de faire planer une épée de Damoclès, dans un flou bien entretenu par les autorités du bout du Lac.
Il n’y a pas que sur la Riviera lémanique ou en Suisse que les comportements des supporters donnent du fil à retordre. En Belgique, ce ne sont pas moins de trois rencontres de Pro League qui ont dû être interrompues en raison de problèmes dans les tribunes rien qu’en 2024!
Un phénomène que la ligue a décidé d’enrayer avec une ligne drastique: «En cas d’interruption temporaire ou définitive d’un match, les clubs dont proviennent les supporters seront privés de fans à l’extérieur pendant 3 rencontres. S’y ajouteront 5 matches supplémentaires en cas de récidive.»
«Contre notre conception du football»
Cette mesure, effective dès ce vendredi, a été adoptée «à contre-coeur», selon le CEO de la Pro League, Lorin Parys. «Honnêtement, cela va à l’encontre de notre conception du football, à savoir de réunir dans un même stade les fans des deux équipes. Mais nous devrons agir de la sorte en raison de certaines personnes qui se font passer pour des supporters», explique-t-il dans la presse de son pays.
Ces punitions collectives font débat en Suisse: les ultras font front commun, tandis que les autorités et la police les jugent comme la seule manière d’enrayer un phénomène qui prend de l’ampleur. Depuis mai 2023, la politique a repris la main dans un dossier qui était auparavant de la responsabilité de la fédération.
Pourquoi prendre des sanctions collectives? «Il est généralement très difficile d’atteindre les individus, car ils ne peuvent pas être reconnus en raison de leur cagoule. Ils se fondent dans la masse des supporters et ils sont même souvent protégés par celle-ci», expliquait alors Karin Kayser, coprésidente de la Conférence des directeurs des départements cantonaux de justice et police (CCDJP) et conseillère d’Etat nidwaldienne.
«Pas la bonne approche»
Les clubs, eux, ne sont pas favorables à ce nouveau régime, qui va jusqu’à un retrait de l’autorisation d’organiser un match (le niveau 5 sur 5) et donc une défaite par forfait. Young Boys et Bâle ont fait savoir qu’ils ne soutenaient pas cette approche, qu’ils jugent mauvaise. Mais, pour l’heure, elle prévaut.