Editorial: Et pendant ce temps-là en Ukraine…

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ÉditorialEt pendant ce temps-là en Ukraine…

De ce côté-ci de l’Europe, on regarde la Coupe du monde au Qatar, bien au chaud. Là-bas, ce n’est pas le ballon rond qui entretient le suspense, mais le prochain bombardement.

Eric Felley
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Eric Felley
Le président Vladimir Poutine a visité lundi le pont de Crimée qui avait été endommagé par une explosion le 8 octobre dernier

Le président Vladimir Poutine a visité lundi le pont de Crimée qui avait été endommagé par une explosion le 8 octobre dernier

AFP

Lundi, les bombardements ont repris sur l’Ukraine, les sirènes ont retenti un peu partout. Des infrastructures civiles ont été détruites, tandis que les températures baissent et que la population est aussi gelée que terrorisée. Pendant ce temps, le président Vladimir Poutine est sorti de sa tanière du Kremlin pour aller constater lui-même les réparations du pont de Crimée endommagé par une explosion le 8 octobre dernier.

Au fil des semaines, le conflit ukrainien est passé au second plan de l’actualité. De ce côté-ci de l’Europe, on regarde la Coupe du monde au Qatar, bien au chaud. Là-bas, ce n’est pas le ballon rond qui entretient le suspense, mais le prochain bombardement. Et puis, il y a la vie dans les tranchées que l’on peut voir sur de nombreuses vidéos. Des centaines des soldats sont tués le long de la ligne de front. Selon les autorités ukrainiennes, entre 60 et 100 par jour de leur côté. Du côté russe, selon d’autres sources, jusqu’à 800 par jour. En première ligne, tombent les criminels sortis de prison pour aller combattre et d’autres conscrits peu aguerris et peu équipés.

Au mépris total de la vie humaine

Ce sont des estimations, qu’il est impossible de vérifier, tout comme l’ampleur des pertes civiles du côté ukrainien qui se chiffre en milliers. Toujours est-il que la guerre se prolonge au mépris total de la vie humaine et loin de toute solution négociée. La Russie de Poutine a déjà montré en Tchétchénie et en Syrie que pour défendre son idée de grandeur, elle pouvait s’accommoder de la mort de milliers de personnes. C’est un sacrifice qui est demandé aussi à la population russe, aux mères et aux familles, qui semblent accepter ces inéluctables conflits comme une fatalité.

Dès le début de cette «opération spéciale», Vladimir Poutine a promis qu’il allait «dénazifier» l’Ukraine et rétablir la paix dans le Donbass en proie à des troubles depuis 2014. Bientôt dix mois plus tard, il n’en est rien, c’est pire encore. Les destructions sont montées en puissance. Les Russes visent les infrastructures civiles pour priver la population de chauffage et d’électricité. Les Ukrainiens ne peuvent pas faire l’inverse. Faute d’une victoire militaire, la Russie se venge par une guerre d’usure pour affliger une population ukrainienne résistante et résiliente, mais martyrisée. Une chose est certaine, celle-ci n’accueillera jamais les soldats russes comme des libérateurs.

Un mal imaginaire

C’est bien là tout le motif absurde de cette guerre lancée pour libérer le peuple ukrainien d’un mal imaginaire, en lui infligeant un mal bien réel, alimenté au quotidien par la terreur du ciel. Certes, les Russes font valoir des raisons historiques, géostratégiques et une menace sur leur existence même. Mais ce qu’ils font depuis des mois aux portes de l’Europe au XXIe siècle ne s’effacera pas de sitôt des mémoires, même chez ceux qui éprouvent une réelle empathie pour leur riche culture. 

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