Ski alpinQui peut empêcher une razzia des Suisses aux Mondiaux?
Avec 17 succès et 43 podiums depuis le début de l’hiver, les skieurs et skieuses suisses font figure d’épouvantail pour les Mondiaux de Méribel et Courchevel, qui débutent lundi.
- par
- Christian Maillard
Qu’on nous donne des adversaires! Au-delà d’une question qui se veut forcément pertinente et provocatrice, qui peut bien les empêcher de réussir un carton plein? Avec 17 succès et 43 podiums depuis le début de l’hiver, les skieurs et skieuses suisses font figure d’épouvantail alors que les 47es Mondiaux commencent ce lundi à Méribel et Courchevel. Trente-six ans après la razzia de Crans-Montana, les Helvètes sont bien partis pour rafler l’or dans de nombreuses disciplines dans les trois Vallées de la Tarentaise. Un peu de cocoricos, ça ne fait pas de mal, surtout en France, non?
Cela reste une course d’un jour où tout peut évidemment arriver. Oui, la surprise est toujours possible. Il suffit d’un coup de vent, d’une tempête de neige ou du brouillard. On se souvient évidemment du sacre à Morioka de Urs Lehmann, le président de Swiss Ski, qui n’a gagné qu’une course dans sa carrière. C’était celle de sa vie, au milieu des flocons japonais, la descente des Mondiaux. Maintenant, si la logique triomphe…
Odermatt, ce (super) géant
Qui va bien pouvoir battre Marco Odermatt en géant? Bonne question. Ce ne sera pas Lucas Braathen, qui y était parvenu à Alta Badia, puisque le jeune Norvégien a été opéré d’une appendicite. La poisse pour lui et pour son pays qui comptait sur son petit prodige pour mettre des bâtons sous les spatules d’Odi. Loïc Meillard, vainqueur à Schladming, quand le Maître n’était pas là, le genou en souffrance après sa grosse frayeur à Kitzbühel? Lui aussi a les moyens, avec son magnifique toucher de neige, de faire parler ses skis sur cette poudreuse française qui n’a rien de chinois pour lui. Dans le marathon qui l’attend, le Valaisan aux origines neuchâteloises, devenu gourmand ces derniers temps, aura également des vues sur le combiné et le slalom.
Quid de Henrik Kristoffersen? Avec lui et ses skis de la marque de Marcel Hirscher, le protégé de Jörg Roten est toujours capable, dans un grand événement, de sortir une manche de feu dont il a le secret et de profiter d’un coup de moins bien du Nidwaldien, surtout si ce dernier devait tout d’un coup être victime d’un coup de froid. Franchement, l’Odi, il a tout sous ses pieds pour mettre tout le monde d’accord dans sa discipline de prédilection. Il s’est montré si irrésistible depuis octobre à Sölden avec quatre de ses huit victoires (sur six épreuves). Champion olympique de la spécialité à Pékin, il sera invincible s’il évolue à son meilleur niveau, la pression est son alliée. On parie?
Largement en tête de la Coupe du monde, il devrait également rafler un titre – ce serait son premier – dans les épreuves de vitesse, notamment en super-G où il compte également le même nombre de succès cette saison. Comme en descente, où il a aussi une carte à jouer, le bon blond se méfiera toutefois de son meilleur ennemi: l’autre Norvégien, l’extraordinaire Aleksander Aamodt Kilde, qui vole quand ça va vite, mais aussi de l’Autrichien Vincent Kriechmayr, toujours là pour jouer le trouble-fête. Il y a aussi Dominik Paris revenu en bonne forme juste avant ce rendez-vous. Ou Johan Clarey, qui à 42 ans, rêve à la maison d’ouvrir un joli conte pour ses vieux jours.
Il n’y a finalement que le virage court où «Odi» n’aura pas son mot à dire. Reste que le match Suisse – Norvège va se poursuivre entre «Kristo», Lucas Braathen (s’il est rétabli), Loïc Meillard, Ramon Zenhäusern (vainqueur samedi à Chamonix) et Daniel Yule. Mais attention également à Clément Noël, le champion olympique, et Alexis Pinturault devant leur public de Courchevel, ils ont promis d’être redoutables.
Et si Shiffrin…
Du côté féminin, tous les regards seront forcément braqués sur Mikaela Shiffrin, capable de s’imposer dans toutes les disciplines. À moins que l’Américaine, six fois championne du monde depuis 2013, ne revive le même cauchemar qu’à Pékin en février dernier, où elle était rentrée avec plein de larmes bredouille de Chine. Ses adversaires peuvent toujours rêver. À commencer par Lara Gut-Behrami, bien décidée à conserver ses titres de géant et de super-G qu’elle avait décrochés à Cortina. Tout comme Corinne Suter, sacrée également dans les Dolomites et championne olympique de descente sur la piste de Yanqing, laquelle répond souvent présent lors des grands événements. C’est une bête de compétition. Comme Wendy Holdener, enfin, double championne du monde du combiné en 2017 et 2019, qui a finalement réussi à vaincre l’Américaine en slalom cet hiver à Killington et Sestrières. On les attend tout devant.
Il y a évidemment plein d’autres prétendantes, bien sûr, comme Michelle Gisin, si elle retrouve ses sensations sur ses nouveaux skis, Sofia Goggia, évidemment. si elle ne tombe pas, et toujours des grosses surprises. Il y en aura, c’est certain. Mais bon, le ski c’est à nous cet hiver, il suffit de jeter un œil sur le classement des nations. N’ayons pas peur de le dire: nous sommes les plus forts.
Qu’on nous donne des adversaires!