MétéoMalgré la pluie, la forêt valaisanne est déjà en danger d’incendie
Le risque d’incendie est déjà présent dans le Haut-Valais. Là où la Suisse a connu son plus grand feu de forêt lors de la canicule de 2003.
- par
- Eric Felley
Actuellement, les régions valaisannes en orange du Simplon, de Saas, de Viège et de la rampe sud du Lötschberg sont en «danger marqué d’incendie». Le Valais central est en jaune, qui signifie un «danger limité», tandis que le Bas-Valais, tout comme le reste de la Suisse (à part à l’est des Grisons) est en «danger faible». Un danger «marqué» signifie que «des flammèches de barbecue» peuvent déjà provoquer un incendie et se répandre rapidement en terrain ouvert, mais un peu moins en forêt. La foudre pourrait aussi provoquer des incendies de surface.
Une des régions les plus arides de Suisse
Mais comment expliquer qu’après toutes ces pluies, la forêt valaisanne soit déjà en danger? Pour Jean-Marie Putallaz, ingénieur forestier au Service des forêts à l’État du Valais, ce n’est pas une surprise: «Nous avons un système de prévention qui se base sur trois indices: les précipitations, la température et l’humidité de l’air. Ils nous servent à interpréter la situation et anticiper». Il rappelle que la région de Viège «est une des plus arides de Suisse. Il a plu des quantités importantes au moment des intempéries jusqu’au 15 juillet, mais ensuite les précipitations ont été relativement faibles et intermittentes dans cette région.»
Statistique à l’appui, il illustre le caractère particulier du Haut-Valais et son régime continental: «Jusqu’au 15 juillet, il est tombé à Viège 85 mm, et depuis il est tombé 20 mm. De l’autre côté à Interlaken, il en est tombé 275 mm, et 75 mm depuis. Pour ces prochains temps, il n’y a pas d’importantes précipitations prévues dans le Haut-Valais. Avec des orages, cela ne suffit pas pour que l’eau atteigne le sol.»
300 hectares en fumée
Tandis que les forêts de Californie, de Turquie ou de Grèce brûlent, la Suisse demeure cependant protégée de ces gigantesques incendies. Le plus grand incendie à ce jour est celui de Loèche dans cette même région en 2003, le 13 août. Ce jour-là quelque 200 000 arbres, répartis sur 300 hectares, ont été réduits en cendres. Cette catastrophe est intervenue en pleine canicule, mais le feu n’était pas parti tout seul… Après une longue enquête, c’est un jeune adulte pyromane de la région, arrêté en septembre 2004, qui avait lancé les départs de feu.
Chaleur et sécheresse en augmentation
Le secteur sinistré s’étendait d’une altitude de 800 mètres à la limite des forêts vers 2100 mètres. 300 hectares, cela reste toutefois peu au regard du million d’hectares qui ont déjà brûlé aux États-Unis cet été. Au-dessus de Loèche, les dégâts sont encore visibles aujourd’hui. La forêt à de la peine à se reconstituer dans les conditions climatiques très sèches de la région. Selon la plate-forme nationale des dangers naturels: «La fréquence et l’intensité des périodes de chaleur et de sécheresse vont augmenter sous l’effet du changement climatique, ce qui accroîtra le risque d’incendie de forêt en Suisse également. Cette tendance se traduira vraisemblablement par une augmentation des incendies de forêt au sud des Alpes et en Valais, alors que le nord des Alpes ne sera plus épargné».