États-UnisBouffée d’oxygène financière pour Donald Trump
Donald Trump pourrait, grâce à l’introduction en Bourse de sa société de médias, parvenir à payer son importante caution judiciaire.
La société de médias de Donald Trump a obtenu vendredi un feu vert pour entrer en Bourse à New York, ce qui débloquera des milliards de dollars pour l’ex-président américain qui doit apporter lundi une importante caution judiciaire.
Le candidat républicain à la présidentielle de novembre est sous pression d’une saisie de son patrimoine s’il ne donne pas le 25 mars à la justice de l’État de New York la garantie qu’il paiera près d’un demi-milliard de dollars de réparations auxquelles il a été condamné au civil en février.
Cette manne pourrait venir de sa société Trump Media & Technology Group (TMTG), qui va fusionner avec un véhicule coté en Bourse, après un vote favorable vendredi d’une assemblée générale. Cette entrée sur le marché doit offrir une bouffée d’oxygène à l’homme d’affaires et tribun politique de 77 ans, à la situation financière précaire.
Les avocats du promoteur immobilier se disent dans l’incapacité de fournir une garantie à 120% du quelque demi-milliard de dollars d’amendes, caution indispensable pour suspendre le temps d’un appel le jugement retentissant rendu le 16 février par un tribunal civil de Manhattan.
Trois milliards de dollars
Au terme de poursuites engagées en 2022 par la procureure générale de l’État de New York Letitia James, Donald Trump et ses fils Eric et Donald Jr. ont été condamnés ce jour-là par le juge Arthur Engoron à 464 millions de dollars (417 millions de francs) d’amendes et d’intérêts pour fraudes: notamment pour avoir menti dans les années 2010 sur la valeur des actifs de leur empire immobilier Trump Organization afin d’obtenir des prêts bancaires.
TMTG va fusionner avec Digital World Acquisition Corp (DWAC), un véhicule coté, aussi appelé SPAC, dont le seul but est de permettre à une société d’accéder plus facilement à la Bourse que par la voie classique d’une introduction en bonne et due forme.
Donald Trump est le principal actionnaire de TMTG qui va contrôler plusieurs dizaines de millions d’actions de la nouvelle société cotée. Selon plusieurs estimations, sa participation serait valorisée plus de trois milliards de dollars au cours actuel de l’action.
Procureure «raciste et corrompue»
L’accord TMTG-DWAC prévoit une période de verrouillage («lock-up») de six mois durant laquelle les actionnaires existants ne peuvent pas vendre leurs titres. Rien n’empêche néanmoins Donald Trump de proposer ses titres en garantie à la justice ou d’obtenir un prêt basé sur la valeur de ces actions.
Le jour de ce feu vert et avant l’échéance de lundi, l’ex-président des États-Unis s’en est pris à la justice new-yorkaise. «Ni procès, ni jury, ni crime, ni victime. Juste un juge crapuleux et une procureure générale qui déteste Trump et prend ses ordres à la Maison-Blanche», a-t-il attaqué sur son réseau Truth Social, allusion à Arthur Engoron et Letitia James.
Donald Trump tempête régulièrement contre un jugement «bidon» et une «exigence inconstitutionnelle de garantie» imposée par une procureure «raciste et corrompue» et un juge «contrôlé par la clique des démocrates». Letitia James est une magistrate afro-américaine, élue du Parti démocrate et occupe au sommet du ministère public new-yorkais une fonction et un rôle politiques.
«Rendre sa grandeur à New York»
Donald Trump a aussi promis vendredi que s’il est investi le 20 janvier prochain «47e président, (il) rendr(a) sa grandeur à New York», la mégapole votant démocrate.
Pour gagner en novembre contre le président Joe Biden, il a assuré disposer de «près de 500 millions de dollars en liquide, dont une partie importante est destinée à être utilisée dans (sa) campagne». Alors que se passera-t-il lundi si le milliardaire ne fournit pas de caution judiciaire?
«Une humiliation» et un «énorme problème», résument Carl Tobias, professeur de droit de l’université de Richmond, et l’ancien procureur Andrew Weissmann. Pour Carl Tobias, si Donald Trump épuise ses recours, «il pourrait vendre ses biens immobiliers ou (…) tenter de décrocher un prêt bancaire ou même se déclarer en faillite personnelle».
La procureure James pourrait aussi «essayer de saisir l’argent qu’il détient à New York et certains de ses biens immobiliers», comme la Trump Tower sur la 5e avenue et un immeuble de Wall Street. Le tabloïd «New York Post» pensait jeudi que Donald Trump «laisserait» Letitia James saisir la Trump Tower ou son golf dans le comté huppé de Westchester au nord de la ville.