NeuchâtelUn marabout promet le retour de l’être aimé pour… 21 000 francs!
Un prétendu médium a commencé par faire additionner à son client son année de naissance et celle de son ex-copine: 1997 + 2000 = 3997 francs…
- par
- Vincent Donzé
À Neuchâtel, un amoureux éconduit a recouru aux services d’un marabout africain. Il souhaitait reconquérir le cœur de son ex-compagne. Ce dernier lui a soutiré au total 21’000 francs sans que l’ex ne retombe sous son charme. Le délesté tente de récupérer son argent par voie judiciaire, rapporte «Arcinfo».
Cœur brisé
Le marabout contacté pratique des rituels visant à recréer le désir chez l’autre et à faire revenir l’être aimé. L’amoureux neuchâtelois a communiqué avec ce sorcier via la messagerie WhatsApp.
La suite vaut son pesant d’or: le prétendu magicien a fait additionner à son client son année de naissance à celle de son ex-copine: 1997 + 2000 = 3997. Il lui a donc demandé de retirer 3997 francs à la banque…
Le prévenu a été invité à se rendre en forêt pour remplir un récipient avec de la terre et deux feuilles mortes. Puis il a reçu la visite du marabout, venu récupérer l’argent et l’interroger sur sa vie amoureuse et ses échecs.
Rituel dans un cimetière
Le sorcier lui a promis d’effectuer un rituel dans un cimetière et de revenir avec l’argent. Suite de quoi le marabout a réclamé davantage pour mener l’opération à terme. «Pris dans un engrenage malsain et face à un personnage toujours plus intimidant», l’homme a versé un total de 21’000 francs au sorcier, lequel menaçait de tout révéler à son ex-amie, précise «ArcInfo».
Affectée par cette situation, la victime a été suivie par le Centre neuchâtelois de psychiatrie. Dans sa plainte déposée contre le marabout, il l’accuse d’escroquerie et de menaces et réclame la restitution des 21’000 francs versés pour des rituels qui n’ont pas fonctionné.
Plainte classée mais recours admis
Las! Le Ministère public neuchâtelois a classé sa plainte au motif que la victime pouvait, avec un minimum d’attention et de prudence, se douter des réelles intentions du marabout. Ne pas observer les mesures de prudence élémentaire le rend coresponsable du dommage, mais dans un recours, le jeune amoureux a fait valoir une situation de détresse qui l’a fragilisé face au chantage émotionnel du marabout.
Son recours a été admis par le Tribunal cantonal, le 27 septembre dernier: «Il n’est pas exclu que l’intensité et la durée des pressions subies par le recourant, pour qu’il continue d’alimenter financièrement les rituels du marabout, puissent être constitutives de contrainte ou de menaces». L’affaire a été renvoyée au Ministère public, chargé de poursuivre la procédure.
Aux États-Unis, un cas similaire a défrayé dernièrement la chronique avec un Californien qui réclame 25’000 dollars de dommages et intérêts à un médium, faute de résultats probants.