Ski alpinAleksander Aamodt Kilde: «Je suis reparti de zéro»
À 29 ans, et moins de douze mois après une rupture d’un ligament croisé du genou, le Norvégien a signé un retour fracassant sur le devant de la scène en décembre. Confidences.
«Je veux garder cette confiance jusqu’aux Jeux», a déclaré Aleksander Aamodt Kilde, après un mois de décembre exceptionnel (4 victoires), moins d’un an seulement après une rupture d’un ligament croisé du genou droit. Depuis Innsbruck (Autriche), où il réside, le Norvégien a évoqué sa rééducation, sa progression, et s’est projeté sur les Jeux olympiques de Pékin dans un mois (4-20 février).
Vous avez gagné quatre courses au mois de décembre. Vous semblez inarrêtable…
C’est incroyable. Je n’aurais jamais pu l’imaginer moins d’un an après ma blessure au genou. C’est incroyable d’avoir pu revenir si vite et à un tel niveau.
Avez-vous encore des séquelles au quotidien?
Je dois toujours faire attention, le corps doit être traité avec respect. Ma récupération après une course n’est plus la même, j’ai toujours des douleurs dans le genou. Je ne peux plus avoir un programme aussi chargé qu’avant, mon genou ne pourrait pas supporter. Au moins pour cette saison je dois être prudent.
Vous semblez encore plus fort qu’avant votre blessure?
J’ai travaillé mes faiblesses physiques pendant la rééducation. J’ai regardé énormément de vidéos de ski en essayant de trouver où je pouvais m’améliorer. Maintenant je comprends mieux ce qu’il faut pour être rapide, et à quel moment il est inutile d’être trop rapide. Je suis quelqu’un de puissant mais en ski on a besoin du package complet. Je ne dois plus utiliser tout le temps 100% de ma puissance comme avant. J’ai une meilleure conscience de mes muscles, du contrôle de mon corps et de ses équilibres. Je suis reparti de zéro, notamment sur la musculation des jambes, en travaillant les petits muscles pour qu’ils soient plus complémentaires des gros. C’est venu naturellement, après une opération tu ne peux pas faire de la musculation lourde. Je suis aussi plus fort mentalement, plus équilibré. J’ai également travaillé sur ma technique, comment garder la bonne position sur des passages très difficiles comme à Bormio.
Vous êtes 2e du classement général à 276 points du Suisse Marco Odermatt. Nourrissez-vous des espoirs d’un deuxième gros globe?
Je vais donner une réponse ennuyante mais comme toujours je prends les courses les unes après les autres. J’ai déjà gagné le général, c’était extra. Mon principal objectif est de le refaire mais avec mon genou je dois rester prudent, je ne veux pas me blesser une nouvelle fois. Sans disputer tous les géants je vais avoir du mal à tenir le rythme de Marco Odermatt. Mais si je continue comme en décembre, nul doute que mon classement sera très bon.
Quand vous reverra-t-on sur un slalom géant (il n’a disputé que les super-G et les descentes cet hiver)?
Je disputerai celui d’Adelboden (Suisse) le 8 janvier. J’ai hâte d’y être.»
Dans un mois auront lieu les Jeux olympiques à Pékin (4-20 février). Vous vous y présenterez avec de nombreuses victoires derrière vous…
Je suis en confiance, et je veux garder cette confiance jusqu’aux Jeux et jusqu’à la fin de saison. Mais ces Jeux seront différents, c’est l’inconnue, personne n’a pu tester la piste encore.»
Vous sentez-vous l’héritier des récents médaillés d’or norvégiens comme Svindal, Jansrud, Aamodt?
C’est un costume un peu grand à porter. Ce qu’ils ont accompli est immense. J’espère bien sûr continuer cette série norvégienne mais c’est facile à dire…
Quel souvenir vous évoque les JO?
J’en garde un excellent de la descente de PyeongChang en 2018, avec le doublé d’Aksel (Svindal) et Kjetil (Jansrud), malgré une préparation de course très difficile. Ça avait été un jour magnifique pour l’équipe. Bien sûr j’avais été déçu car j’étais très rapide aussi, mais j’avais fait une grosse erreur (15e), cette journée aurait pu être encore plus belle.»
Envisagez-vous un concours de médailles avec votre compagne Mikaela Shiffrin?
Je suis assez intelligent pour ne pas m’engager dans de tels paris avec elle! Regardez ses statistiques, elle est d’un tout autre niveau. Nous parlons ensemble des Jeux olympiques, on les envisage comme une nouvelle expérience, en essayant de rester positifs malgré le contexte, on s’entraide pour garder confiance.»