FootballQue reste-t-il de Lucien Favre à Nice?
Évincé le 9 janvier, le Vaudois de 65 ans était revenu au «Gym» en début de saison. Les joueurs qui recevront Bâle jeudi (21 heures) en quart de finale retour de Conference League, sont pourtant les mêmes. Mais l’équipe a bien changé avec Didier Digard.
- par
- Valentin Schnorhk Nice
La belle histoire a pris fin le 9 janvier. Et d’aucuns se demandent même comment elle a pu durer aussi longtemps. Sans doute que si l’homme en place n’avait pas été Lucien Favre et que ça n’avait pas été l’OGC Nice, l’entraîneur aurait sauté bien avant. Revenu sur la Côte d’Azur quatre ans après l’avoir quittée en quasi-héros (il avait notamment amené le «Gym» sur le podium de la Ligue 1 en 2017, avec un jeu enthousiasmant), le Vaudois est reparti six mois plus tard, quelques jours après avoir été éliminé en Coupe de France par une équipe de troisième division.
Les résultats en championnat ne plaidaient pas non plus pour Favre. Son équipe était 11e de Ligue 1, alors qu’elle ambitionnait de jouer les premiers rôles. Il succédait à Christophe Galtier, dans les conditions que l’on sait désormais (l’actuel entraîneur du PSG est notamment visé par une enquête pour des faits de discrimination durant son passage niçois). Et il incarnait beaucoup d’espoir.
Sauf que rien n’a jamais tourné comme prévu. À Nice, les suiveurs avancent plusieurs pistes d’explication: un recrutement qui n’a pas répondu aux attentes de «Lulu», un staff qui manquait de compétence, un décalage générationnel dans le lien avec les joueurs. Entre autres.
Quel héritage?
Pourtant, à l’heure où Nice reçoit Bâle pour le match retour du quart de finale de Conference League ce jeudi (21 heures), les Aiglons n’ont de fait pas vraiment changé: les joueurs sont les mêmes. Et Didier Digard (36 ans), qui avait directement succédé à Favre, en a fait une tout autre équipe, qui peut rêver d’une demi-finale européenne. Mais y a-t-il un héritage de Lucien Favre dans le Nice de Digard? Qu’en reste-t-il?
«Il reste un quart de finale de Coupe d’Europe, se veut reconnaissant le jeune technicien. C’est avant tout lui qui a mené cette équipe à faire ce parcours, à lancer ce début d’aventure.» À l’automne, le club azuréen était en effet sorti en tête de sa poule de Conference League, devant le Partizan Belgrade et Cologne. Dans le jeu, en revanche, c’est une autre affaire: Nice marque plus et concède beaucoup moins de buts depuis qu’il a changé d’entraîneur. Il est aussi bien plus intense.
Digard a trouvé l’adhésion
La patte Digard? Ce dernier réfute. «Lucien a effectué le gros du travail durant six mois, considère l’ancien milieu de terrain. Nous avons ensuite amené nos idées. Ce qui se passe actuellement mixe à la fois ce que Lucien a essayé de bâtir et notre touche, que nous avons pu apporter petit à petit.» Réponse diplomatique. En coulisses, il se dit que l’héritage de Favre est proche d’être inexistant.
Après une victoire contre Marseille en février, le milieu niçois Khéphren Thuram soutenait qu’avec Digard, «c’est tout l’état d’esprit qui a changé». L’adhésion qu’il a trouvée chez les joueurs, grâce à l’excellente relation qu’il a toujours entretenue avec le groupe, est souvent avancée.
Une façon aussi de dire que la mayonnaise n’avait jamais vraiment pris avec Lucien Favre. En dehors du terrain, où la forme des échanges (et notamment le vouvoiement) a surpris certains jeunes joueurs, mais surtout au niveau des performances. En fait, Nice n’a jamais vraiment retrouvé le «Lulu» qu’il avait laissé. Et tout le monde a un petit peu oublié ce deuxième passage éphémère. Histoire de ne se souvenir que du premier, autrement plus glorieux.