Football: Le pari de l’auto-conviction réussit bien à Servette

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FootballLe pari de l’auto-conviction réussit bien à Servette

Rien ne permet vraiment d’expliquer pourquoi et comment les Grenat l’ont emporté 3-2 à Grasshopper jeudi. Si ce n’est leur capacité à faire tourner les matches dans le bon sens et la confiance qu’ils en ont tiré.

Valentin Schnorhk Zurich
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Valentin Schnorhk Zurich

Pour la deuxième fois de la saison, Servette a trouvé les ressources pour l’emporter 3-2 alors qu’il avait concédé l’égalisation. La première, c’était contre Zurich à la Praille en septembre, lorsque David Douline avait inscrit le but de la victoire à la 95e minute. Jeudi, celui de Patrick Pflücke est venu plus tôt, dans un match qui semblait devoir échapper aux Grenat.

L’abnégation de Patrick Pflücke a payé pour aller chercher le 3-2 décisif.

L’abnégation de Patrick Pflücke a payé pour aller chercher le 3-2 décisif.

BASTIEN GALLAY / LPS

Mais il doit être écrit quelque part que rien ne serait vraiment perdu pour les Genevois, qu’ils seraient toujours capables cette saison d’aller chercher un peu plus que ce qui devrait leur revenir. C’est cette forme de certitude, peut-être naïve, peut-être inconsciente, qui leur permet de ne jamais craquer complètement et d’aller chercher quelque chose de plus. Cela force le respect.


Les trois enseignements

  • Il est difficile de tout comprendre avec ce Servette FC, mais ce qui est criant, c’est que les Grenat sont très souvent capables de faire de tourner le match dans le bon sens. Parfois avec une certaine dose de réussite, comme face à GC jeudi. Plus rarement parce qu’ils ont totalement maîtrisé leur sujet. Mais au final, les points glanés sont là et Servette est deuxième de Super League, sans qu’on ne puisse vraiment le remettre en cause.

  • Ce qu’on ne peut pas reprocher à Servette, c’est son abnégation. Elle ressort autant des actes que des discours. Et on ne sait pas si elle est consciente ou si elle agit comme un masque. Reste qu’il se dégage de cette équipe une forme d’autoconviction qui lui permet de croire à son projet, même quand il peut sembler bancal. Même à 2-2 jeudi, les Genevois n’ont pas pris le temps de tergiverser pour aller chercher une victoire qui ne leur était plus promise.

  • «J’ai choisi de remettre la même équipe, et cela m’a donné raison.» Alain Geiger est parfois désarmant, parce que même quand le chemin le contredit, la finalité parle pour lui. Mais avec les blessures d’Alexis Antunes (touché à la cuisse) et de Steve Rouiller (un coup, qui a entraîné une légère torsion au genou), Geiger est mis aussi face à un besoin de gestion de son effectif. Et à Saint-Gall dimanche, il devra réfléchir à limiter les risques.


Le meilleur Servettien: Patrick Pflücke

BASTIEN GALLAY / LPS

Il n’était pas titulaire lors des deux derniers matches, mais son entrée à la place d’Antunes jeudi dès la demi-heure a souligné sa forme d’unicité dans l’effectif servettien. Il est ce passeur gaucher, souvent très juste, qui tranche avec les profils plus explosifs et en quête de prise de risque de Kutesa et Fofana. Sa finesse, qui n’empêche pas la verticalité, donne de la précision au projet servettien.

Et en marquant son premier but de la saison dans le jeu (il avait inscrit un penalty contre Winterthour), l’Allemand devient aussi décisif. Comme Boubacar Fofana, auteur d’un doublé qui lui donnera la dose de confiance qu’il cherche.


Le Servettien qui se cherche: Miroslav Stevanovic

BASTIEN GALLAY / LPS

Tout est relatif avec Miroslav Stevanovic. Dans l’absolu, il ne rate jamais vraiment un match, puisqu’il crée en permanence du danger. Jeudi, il a encore créé du danger et aurait pu marquer sur une rupture juste après le 3-2. Mais il ressort de son jeu un certain déchet. Pour preuve, il est le Servettien à avoir le plus perdu de ballons au Letzigrund.

Comment l’expliquer? Ce n’est pas forcément que le Bosnien fait tout faux. C’est aussi que les automatismes qu’il recherche ne se sont pas encore formés. Côté droit, il n’a pas une complémentarité évidente avec Diallo. Au centre, il lui est difficile de trouver un Fofana qui n’est pas un attaquant de surface. Alors il tente, mais il rate. Et parfois, cela se voit un peu plus.


La décla’

«Le coach a démontré qu’il était capable de prendre de bonnes décisions sur l’approche à adopter. Nous avons encore une belle marge, et il faut viser la continuité»

Gaël Clichy, latéral gauche du Servette FC

Le fait tactique

Il faut sans doute croire Gaël Clichy: «Avec son milieu en losange, Grasshopper avait un concentré de joueurs dans l’axe, il fallait donc passer par les côtés.» Manière de légitimer les 32 centres effectués par Servette jeudi, dont très peu se sont révélés réellement aboutis. Il y a eu là un côté répétitif, qui a longtemps fait le bonheur de la défense zurichoise, jamais vraiment gênée dans ses renvois (Fofana n’étant pas l’attaquant le plus menaçant dans les airs).

Et pourtant, les Sauterelles ont trouvé le moyen de craquer lorsque Li Lei a naïvement renvoyé plein axe un centre de Kutesa, profitant à Fofana. Est-ce à dire que l’approche était la bonne? Ce serait faire honneur aux Grenat, mais en même temps, c’est en insistant avec cette filière qu’ils ont pu débloquer la rencontre. Peut-être que tout cela paraîtra plus pertinent lorsque Enzo Crivelli pourra faire son retour et être aligné sur la durée.


La statistique

2,21, soit le total d’Expected Goals concédés par Servette jeudi. Les Grenat n’avaient jamais été aussi friables cette saison. Même à Bâle, lors de la 2e journée (1-1), ou lors de la défaite 3-0 à YB, ils avaient été plus protecteurs de Jérémy Frick, lequel s’est fait l’auteur d’au moins deux gros arrêts contre GC. Sans doute la preuve que les Genevois s’en sortent relativement bien.


Une question pour penser l’avenir

BASTIEN GALLAY / LPS

Comment Servette va-t-il réagir à l’enchaînement des matches, avec une rencontre intense qui l’attend dimanche à Saint-Gall?

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