Hockey sur glace16 défaites de suite pour Ajoie: «Ce qu’on a fait là n’est pas normal!»
Lou Bogdanoff a inscrit son premier but avec les Jurassiens mardi, mais le Franco-Suisse ne peut pas se contenter de ça quand son équipe vient de battre un triste record.
Cette fois, le seuil d’indulgence a certainement été franchi. Il y a des limites à tout. Ce que le public ajoulot a enduré mardi durant la deuxième période de la rencontre face à Rapperswil (3-7) va au-delà de ce qu’il peut raisonnablement supporter et tolérer.
Alors que le HC Ajoie menait de deux longueurs à la première pause, il s’est écroulé sitôt la réduction du score visiteuse intervenue après 15 secondes dans le tiers intermédiaire. Comme les fans, Lou Bogdanoff ne le tolère pas non plus. Ni ce qui s’en est suivi. «On restait sur une bonne série de matches, j’ai envie de dire. Contre Zoug et Lausanne le week-end précédent, on a au moins livré une performance satisfaisante, on s’est battu. Là, on arrive plein d’envie, on est bien en début de partie, on se sent bien. On propose un jeu pas si vilain que cela.»
C’est durant cette brève éclaircie que le binational franco-suisse débarqué de La Chaux-de-Fonds en début d’exercice a inscrit sa première réussite en National League suite à une déviation consécutive à un envoi de la ligne bleue de Daniel Eigenmann. Un but qui aurait pu marquer l’histoire, celui de la révolte d’un mauvais élève décidé à ne pas dépasser cette marque historique de 15 revers d’affilée.
«Je n’arrive pas à le savourer»
Un but qui au final ne marquera que la sienne, d’histoire. Et encore. «J’étais certes content à la première pause, les gars dans le vestiaire l’étaient également pour moi. Là, au sortir du match, je n’y trouve pas de réelle satisfaction et pour être tout à fait franc, ce but est déjà loin dans ma tête. Je n’arrive pas à le savourer.»
Que s’est-il passé ensuite? Une démission totale. «Quel que soit le score, on n’a pas le droit de se relâcher. On sait que l’on a en face des joueurs qui nous sont techniquement supérieurs. Oui, on le sait et on se fait surprendre malgré tout. Ça, on n’en a pas le droit. Ce qu’on a fait là, ce n’est pas normal. Peut-être nous sommes-nous vus trop beaux?» s’interroge l’attaquant de 27 ans, dont le contrat arrive à échéance au terme de la saison.
Aucune excuse ne semble cette fois-ci valable. Pas même celle de devoir patiner avec le moral en berne après une succession d’échecs qui semble sans fin. Ce «Rappi» de mardi était prenable. «On avait toutes les chances d’y croire même si on était bien conscients que cela allait revenir après la première pause. Le coach nous a prévenus. Au lieu de verrouiller, on les laisse faire et on s’en prend un d’entrée.» La suite est connue. «On baisse les bras, la tête, et on rend les armes alors que l’on mène encore. On prend peur, on joue sur la retenue et tout s’écroule. On perd la main sur le match, on perd le lead et il n’y a plus rien derrière», regrette l’attaquant originaire d’Albertville.
Ce record? «Ça met un coup»
Depuis mardi soir, n’en déplaise aux esprits chagrins d’Ajoie, leurs hockeyeurs détiennent officiellement le record de la plus longue série sans victoire jamais vue dans la plus haute du pays, soit 16 défaites sans aucun point amassé. «Et ça, on a beau dire ce que l’on veut, ça met un coup à la fierté d’un joueur», admet avec franchise Lou Bogdanoff qui, dans la morosité ambiante, préférerait presque en rire. «Il faut bien être connu pour quelque chose au final. On se rappellera ainsi de nous dans l’histoire du hockey suisse.»
Avec la venue du leader FR Gottéron jeudi à Porrentruy et un déplacement le lendemain à Zoug, deuxième du classement, Ajoie va au-devant d’une fin de semaine pour le moins difficile. Et pourrait donc atteindre la pause olympique avec 18 revers consécutifs à son palmarès.