FranceUn gynécologue visé par 161 plaintes pour viols et agressions sexuelles
Une affaire hors norme est instruite depuis 8 ans dans le Val-d’Oise. Les victimes présumées espèrent un procès qui ne vient pas.
- par
- R.M.
Il s’agit d’une affaire judiciaire décrite comme «hors norme». Un gynécologue du Val-d’Oise est en effet accusé d’être un violeur en série. 161 de ses patientes ont porté plainte contre lui pour viol ou agression sexuelle, révèle RTL. Mais les victimes présumées désespèrent car après huit ans d’enquête, toujours pas de procès à l’horizon.
RTL a recueilli le témoignage de Dominique, une mère de famille quadragénaire. En 2013, elle était chez le médecin incriminé pour une pose de stérilet. «Quand je me suis installée sur la table d’examen, il m’a caressé l’intérieur des cuisses en me disant qu’il fallait me détendre car, sinon, la pose allait être difficile. C’est un gynécologue alors je ne me pose pas trop de questions à ce moment-là», a-t-elle raconté.
«En poursuivant la pose du stérilet, j’ai commencé à perdre connaissance par petites intermittences car la douleur était intense. Il me caressait la poitrine et m’embrassait sur le front, sur les joues, l’intérieur des cuisses puis il tournait au niveau des étriers et faisait des va-et-vient dans mon vagin», a-t-elle témoigné. «Ce n’était pas des gestes médicaux, j’étais dans un état second, comme au-dessus de mon corps. Je subissais ce qui se passait sans pouvoir réagir.»
Un travail colossal
À l’époque, elle n’a pas porté plainte. Mais un an plus tard, elle a été contactée par une enquêtrice. Et elle a alors compris qu’il y avait bien d’autres victimes présumées. Énormément, même. 161 plaintes contre ce médecin, donc. La majorité pour viol. Les autres pour agression sexuelle.
L’instruction a été ouverte en 2013 et elle est titanesque, avec 7500 patientes contactées et des actes qui remontent même parfois aux années 80. RTL souligne que le dossier est complexe et que «le travail des enquêteurs est colossal, avec des centaines d’auditions réalisées, plusieurs expertises médico-légales diligentées».
«Caresses mal interprétées»
Mais en l’état le gynécologue est mis en examen, sous contrôle judiciaire, il a perdu le droit d’exercer mais il est libre. Lorsqu’il a été entendu il a rejeté toutes les accusations, parlant «de caresses mal interprétées» destinées à «détendre ses patientes». Il risque 20 ans de prison.
Le problème c’est que vu la taille du dossier, l’enquête pourrait encore durer des années. Or l’accusé a aujourd’hui 70 ans. Pour les victimes présumées, l’attente est insupportable et le temps presse. «Vu l’âge du docteur, il peut arriver qu’il décède du jour au lendemain et que l’on reste avec ce fardeau et ce traumatisme qui nous bouffe la vie et notre libido. Un lourd traitement d’antidépresseurs m’a été prescrit. Je n’ai plus aucune confiance et je me dis qu’on n’aura jamais de suite», commente une autre victime potentielle du gynécologue.