Hockey sur glaceAvec Janis Moser, l’équipe de Suisse tient un joyau
Le défenseur biennois a découvert la NHL, cette saison, sous les couleurs des Arizona Coyotes. Les premières apparitions du joueur de 21 ans dans la grande ligue ont impressionné le milieu.
- par
- Chris Geiger Helsinki
Le 15 décembre dernier, Janis Moser effectuait ses débuts en NHL, lors de la défaite à domicile des Arizona Coyotes devant les New York Rangers (2-3). Pour cette grande première, le défenseur suisse avait griffé la glace de la Gila River Arena durant 18’56’’. D’entrée, la franchise basée à Glendale, dans la banlieue de Phoenix, a tenu à montrer au Seelandais de 21 ans qu’elle comptait sur lui.
Elle avait déjà envoyé un signal fort à l’ancien joueur du HC Bienne en le rappelant après seulement 18 matches (12 points) disputés en AHL, dans le club ferme des Tuscon Roadrunners. Ce choix, André Tourigny ne l’a pas regretté. Bien au contraire.
Comme une éponge
«Janis a été très, très bon cette saison avec nous, confirme l’entraîneur des Arizona Coyotes. Il possède une grande intelligence de jeu et est très compétiteur. Étant donné que c’est un très jeune joueur, il avait beaucoup de choses à apprendre. Mais il est venu avec un esprit ouvert et, comme une éponge, il a absorbé la formation. Janis a aussi démontré vouloir être meilleur tous les jours. On a adoré la personne, mais on a aussi adoré l’athlète. C’est un gars qui a un très beau futur en NHL.»
Ses 43 premières apparitions (15 points) tendent à confirmer les propos du technicien québécois. Mais plus que les statistiques, c’est l’impression faite par l’international suisse au sein du vestiaire arizonien qui a marqué les esprits.
«Janis s’est adapté super facilement à notre équipe, reconnaît Antoine Roussel. Il est arrivé et s’est senti tout de suite à l’aise. Ce qui lui a permis de performer et de se tailler une place au sein de l’équipe. C’est impressionnant pour un jeune de son âge de pouvoir s’établir aussi rapidement. Il peut encore beaucoup s’améliorer, ce qui va lui permettre d’être un défenseur complet de NHL. Ce sera assurément un gars qui pourra jouer, dans quelques années, sur un top 4 d’une équipe qui peut prétendre aux grands honneurs.»
À 32 ans, l’attaquant français sait de quoi il parle. Passé par les Dallas Stars et les Vancouver Canucks, avant de rejoindre l’Arizona l’été dernier, le natif de Roubaix a connu de nombreux partenaires durant sa carrière. Cette expérience lui a permis d’apprécier chez son jeune coéquipier un trait de caractère pas toujours bien perçu.
«Il est arrivé avec cette confiance en lui qui n’était pas désagréable, mais qui lui a permis de réussir ce qu’il a fait, explique le Tricolore.Du coup, il a eu du succès instantanément dans la Ligue. D’ailleurs, dès qu’il est arrivé, l’équipe a commencé à mieux jouer. C’est visiblement ce qu’il manquait, ce qu’il fallait à l’équipe.»
Pour Antoine Roussel, la présence de Janis Moser au sein de l’arrière-garde des Coyotes a même permis de bonifier chacune des individualités. «Janis est quelqu’un qui joue simple, qui fait des bons jeux intelligents, détaille l’attaquant. Il ne se complique pas la vie. Ça rend toutes les personnes autour de lui meilleures. Son coup de patin est aussi vraiment bon, ce qui lui permet régulièrement de se sortir de certaines situations délicates.»
Fischer sous le charme
Précieuses, ces aptitudes ont logiquement permis au Biennois d’être retenu par Patrick Fischer, pour disputer le championnat du monde en Finlande, où il démontre sortie après sortie qu’il est un pilier de l’équipe de Suisse.
«Janis est juste incroyable, s’exclame le sélectionneur national. Il est un défenseur moderne, qui possède une intelligence de jeu au-dessus de la moyenne. Il lit parfaitement le jeu, il patine bien et possède une bonne technique. C’est tout simplement un talent naturel. C’est un défenseur qui est fort en défense, mais qui va devenir de plus en plus offensif.»
À Helsinki, le No 86 helvétique a inscrit trois unités (un but, deux assists) à son compteur après six rencontres. C’est déjà plus que lors de ses deux premières apparitions dans des tournois mondiaux (0 point en 2019, 2 en 2021). À l’époque, il avait toutefois été retenu avant tout pour acquérir de l’expérience.
«Lorsque je l’avais sélectionné pour son premier Championnat du monde en 2019, c’est parce qu’il sortait d’un très bon Championnat du monde juniors, rappelle Patrick Fischer. On l’avait pris à Bratislava alors qu’il n’avait que 18-19 ans. Ça ne l’avait pas empêché de très bien jouer, avant qu’il ne se blesse. Mais il ne fallait pas être un prophète pour voir qu’il allait devenir un bon joueur. Je vois d’ailleurs beaucoup de similitudes entre lui et Roman Josi dans leur façon de patiner, dans l’exécution de la passe.»
Sur les traces de Josi?
La comparaison faite par le technicien zougois est parlante, bien qu’elle ne fasse pas l’unanimité. Mais si André Tourigny refuse de tirer ce même parallèle, c’est avant tout dans le but de protéger son prodige.
«Je pense que c’est tôt pour lui mettre ce genre de pression, avertit celui qui officie comme entraîneur assistant du Canada à Helsinki. C’est un joueur qui n’est pas encore à son plein potentiel. Il y a encore beaucoup de place pour qu’il s’améliore. On va voir jusqu’où ça peut aller, mais s’il garde la même attitude, la même éthique de travail, alors il aura la possibilité de largement s’améliorer.»
Antoine Roussel abonde dans le sens de son entraîneur en club. «Ce serait prématuré de mettre ce genre d’étiquette à Janis, prévient-il. Ça lui mettrait de la pression pour rien. Il a bien sûr beaucoup de qualités et c’est un niveau qu’il pourra peut-être atteindre par la suite, mais c’est lui mettre beaucoup de pression pour rien alors qu’il n’a que 21 ans. Ce ne serait pas honnête de le comparer à un gars qui a mis 96 points dans la Ligue cette saison. Je reconnais volontiers que son style de jeu se rapproche de celui de Roman Josi. Mais rappelez-vous, ce dernier n’était pas aussi bon qu’actuellement lorsqu’il est arrivé dans la Ligue. Il lui a fallu grandir pour atteindre pareil niveau.»
À 21 ans, Janis Moser a tout le temps devant lui pour se développer. Et pour s’affranchir, un jour, de son idole.