FootballRené Weiler: «Je sens un Servette qui grandit»
Avant la venue de Bâle à Genève, dimanche (16 h 30), l’entraîneur évoque les progrès, la dynamique, l’appétit des Grenat. Il a du caractère, son équipe en fait preuve aussi.
- par
- Daniel Visentini
Tropisme du mimétisme: un entraîneur, une équipe qui lui ressemble, jusque dans son caractère. On sait René Weiler intransigeant, méticuleux, persévérant, habité par ses idées. Servette le devient aussi. Il a fallu un temps d’adaptation aux joueurs. Mais à l’entraîneur aussi. Par atavisme, le groupe était installé dans ses habitudes; par conviction, le nouvel entraîneur voulait imposer les siennes.
De l’échange, de certains compromis, de ce chemin commun traversé par la dureté de certains choix ou par des ajustements plus doux est née une nouvelle dynamique. Celle qui sera nécessaire ce dimanche au Stade de Genève, contre Bâle (16 h 30).
Apprivoisement mutuel
Le Servette d’aujourd’hui est le fruit de cet apprivoisement mutuel. On aurait tort de croire que René Weiler a tout dirigé aveuglément, sans concertation avec ses joueurs, enfermé dans une tour d’ivoire, comme il serait faux de penser que les succès en série de ses dernières semaines valident pour toujours les acquis du groupe. Tout reste en mouvement et au lendemain de la victoire en Europa League (2-1 face à Sheriff Tiraspol), juste avant le Servette-Bâle de dimanche (16 h 30), ce n’est pas un hasard si les joueurs comme l’entraîneur prennent du recul pour évoquer la solidarité qui a porté les Grenat.
Weiler l’a souligné jeudi soir. «Je sens que quelque chose grandit à Servette, lançait-il. Ce n’est pas seulement la manière de jouer, le terrain, c’est aussi la façon dont tu te comportes, la façon dont les joueurs se comportent ensemble. Je sens une faim, aussi.»
Les mots de Cognat
Timothé Cognat raconte la même chose. Différemment. «Le coach nous dit depuis le début de la saison que c’est à nous d’écrire l’histoire, notre histoire, assurait-il jeudi lui aussi. Il y a eu Genk, Glasgow aussi même si nous ne nous sommes pas qualifiés, maintenant il y a le championnat avec une série de cinq victoires de suite. Le processus est en cours. Nous sommes très heureux, il y a à Servette un super groupe, très soudé, depuis le début de la saison.»
René Weiler, c’est un système, une méthode. C’est, pour un joueur qui ne joue pas, apprendre la remise en question personnelle, l’autocritique nécessaire. C’est écouter et épouser une certaine ligne de conduite, pas forcément rigide, mais suffisamment pour tracer une direction à suivre.
A Servette, plusieurs se sont heurtés à ces idées neuves ou à ces choix strictes. Sous Weiler, Pflücke a été écarté et a quitté le club, Fofana et Rodelin ne sont plus intégrés au groupe, Guillemenot se démène pour retrouver des couleurs, Touati est invité à travailler plus. Et Frick a découvert la concurrence, tout comme Vouilloz, les deux inamovibles de la saison passée étant sur le banc plus souvent qu’à leur tour cette année.
Une double force
Pas d’angélisme. La part de l’un, l’entraîneur, vaut la part de l’autre, le groupe. Les bonheurs actuels facilitent les pas qui vont de l’un vers l’autre, c’est toujours comme cela. Mais au détour de ce mouvement, de ces succès qui le facilitent, il y a une force nouvelle qui se dessine. Un caractère, qui permet désormais à Servette de gagner 1-0 à Lugano et à Bâle, ou 2-0 à Zurich. Une assurance, qui autorise les Grenat à échapper au doute pour s’imposer dans les dix dernières minutes face à Sheriff Tiraspol. Cette force, ce caractère, cette assurance, cela appartient à Weiler, mais au groupe également.
Servette ressemble-t-il à Weiler? Ou est-ce Weiler qui s'imprègne de Servette? Les deux. Une double vitalité. Que les Grenat doivent entretenir ensemble.