Russie: Poutine gracie un complice de l’assassinat d’Anna Politkovskaïa

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RussiePoutine gracie un complice de l’assassinat d’Anna Politkovskaïa

Un ex-policier, condamné à 20 ans de prison pour son implication dans la mort d’une journaliste russe, critique du gouvernement, a été gracié après avoir rejoint les forces russes en Ukraine.

Sergueï Khadjikourbanov devait purger sa peine jusqu’en 2030, mais il s’est vu proposer un contrat par les forces russes. Aujourd’hui encore, il sert sur le front ukrainien.

Sergueï Khadjikourbanov devait purger sa peine jusqu’en 2030, mais il s’est vu proposer un contrat par les forces russes. Aujourd’hui encore, il sert sur le front ukrainien.

AFP

Sergueï Khadjikourbanov, un ex-policier russe condamné à 20 ans de prison pour son rôle dans l’assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa en 2006, a été gracié par Vladimir Poutine, pour avoir rejoint les forces russes en Ukraine, a indiqué mardi son avocat.

«J’ai appris de ses proches, juste là maintenant, que dès le début de l’opération militaire spéciale (…) il lui a été proposé un contrat pour y participer. Il l’a fait et quand le contrat s’est terminé il a été gracié sur décret du président», a dit l’avocat Alexeï Mikhaltchik, utilisant l’euphémisme de rigueur en Russie, s’agissant de l’offensive lancée contre l’Ukraine, en février 2022.

Selon l’avocat, son client devait purger sa peine jusqu’en 2030, mais on lui a proposé un contrat en échange d’une grâce du fait de son expérience passée dans une unité des forces spéciales russes. Des dizaines de milliers de détenus russes ont signé de tels contrats avec l’armée ou des formations paramilitaires comme Wagner.

Expier son crime par le sang sur le champ de bataille

Cette politique est publiquement assumée par le Kremlin. «Les personnes condamnées, y compris celles pour des crimes graves, expient leur crime par le sang sur le champ de bataille», a déclaré encore, vendredi, Dmitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine.

Aujourd’hui encore, Sergueï Khadjikourbanov sert sur le front ukrainien. «En 2023, il a signé un nouveau contrat en tant que volontaire et combat désormais dans des fonctions de commandement», a poursuivi l’avocat, qui se dit «convaincu de l’innocence» de son client dans l’affaire Politkovskaïa.

Abattue chez elle en 2006

Journaliste d’investigation mondialement reconnue et spécialiste des crimes commis par les autorités en Tchétchénie, Anna Politkovskaïa avait été tuée par balle dans son immeuble, le jour de l’anniversaire de Vladimir Poutine, le 7 octobre 2006.

Les commanditaires du crime n’ont jamais été identifiés, même si nombre d’opposants au Kremlin et au régime qu’il a mis en place en Tchétchénie considèrent que Ramzan Kadyrov, l’autoritaire dirigeant de cette région du Caucase, est le suspect N° 1. L’intéressé a toujours démenti.

Seuls des exécutants ont été condamnés des années après ce crime qui avait ému bien au-delà des frontières russes. Parmi eux, Sergueï Khadjikourbanov. L’organisateur de l’assassinat, Lom-Ali Gaïtoukaïev, est décédé en prison en 2017. Son neveu Roustam Makhmoudov a, lui, été reconnu coupable d’avoir abattu la journaliste, et purge une peine à perpétuité.

«C’est une monstrueuse injustice»

La famille de la journaliste assassinée Anna Politkovskaïa et son employeur, le journal «Novaïa Gazeta», se sont élevés mardi contre la grâce de Sergueï Khadjikourbanov. «C’est une monstrueuse injustice arbitraire, une profanation de la mémoire d’une personne tuée pour ses convictions et la réalisation de son devoir professionnel», ont-ils déploré dans un communiqué commun.

(AFP)

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