AgricultureLes paysans d’Uniterre réclament des prix équitables
Quelque 150 sympathisants se sont rassemblés jeudi, à Berne, pour le lancement d’une campagne qui exige un système alimentaire juste pour les producteurs.
- par
- Christine Talos
Un rouleau à pâte géant qui écrase des paysans couchés au sol: c’est l’action symbolique qu’a menée le syndicat agricole suisse Uniterre sur la place Fédérale à Berne, jeudi, pour dénoncer la grande distribution écrasant les producteurs. L’organisation a ainsi lancé sa campagne «Des prix équitables, maintenant!»
Elle dénonce le déséquilibre des marchés et exige un système alimentaire juste avec une rémunération décente des agriculteurs. «Face à̀ la disparition des fermes et aux conditions indécentes que la grande distribution impose aux paysans, une réponse forte doit être apportée», écrit-elle dans un communiqué.
Système pas démocratique
«Cette année, nous fêtons le 175e anniversaire de notre Constitution. Mais notre système agricole est loin d’être démocratique. Nous vivons dans un pays où près de 80% du marché alimentaire est dominé par deux acteurs seulement: Migros et Coop. Les grands détaillants profitent sans vergogne de leur pouvoir sur le marché et font grimper leurs marges bénéficiaires», dénonce Alberto Silva, secrétaire d’Uniterre en Suisse romande. «Or, nous constatons que, malgré des exigences toujours plus élevées vis-à-vis de la production, les prix payés à la production sont insuffisants.»
Conséquence: «Diminution du nombre de fermes, métier non valorisé économiquement, disparition des petites structures, agriculteurs pieds et poings liés à un système opaque qui n’offre aucune alternative viable, rapport de force déséquilibré, partage inégal des risques», critique Uniterre.
Nécessité «absolue»
L’organisation paysanne réclame dès lors des prix équitables, couvrant l’intégralité des frais de production. «Une nécessité absolue afin de garantir notre approvisionnement alimentaire à long terme, et cela en protégeant les ressources naturelles et notre qualité de vie», estime-t-elle. La protection à la frontière doit être renforcée, et doit tenir compte du taux d’autoapprovisionnement suisse, selon elle.
«Cela doit aussi concerner les produits alimentaires transformés. Il est injustifiable et intolérable que les 120’000 tonnes de «spécialités boulangères» qui sont importées chaque année ne soient pas soumises à la même protection douanière que les céréales panifiables», s’énerve Alberto Silva. «On nous traite d’utopistes, d’écolos, mais vouloir améliorer la situation économique des agriculteurs et assurer le renouvellement générationnel n’a rien d’utopique. Les prix équitables sont le premier pas vers une agriculture véritablement durable.»