Pays-BasOuverture d’une enquête liée aux «polluants éternels»
L’entreprise américaine Chemours est mise en cause par un recours collectif pour la pollution, par des substances per et polyfluoroalkylés, associées à des cas de cancers, d’infertilité.
Les autorités néerlandaises ont ouvert, jeudi, une enquête criminelle contre le géant américain de la chimie Dupont et sa filiale Chemours, accusés d’avoir pollué l’environnement avec des «polluants éternels» néfastes pour la santé. Le parquet a ouvert une enquête après un recours collectif intenté par 2400 personnes contre le chimiste qui détient la marque déposée Teflon, pour la pollution par des substances per et polyfluoroalkylés, appelées PFAS, massivement présentes dans la vie courante (poêles en Teflon, emballages alimentaires, textiles, automobiles …). L’enquête se concentrera sur la pollution au perfluoro-octanoïque, un composé perfluoré très persistant dans l’environnement et associé à des cas de cancers, d’infertilité et à des dommages environnementaux.
«Dans le cadre de cette enquête, nous examinerons également si les dirigeants de l’entreprise ont également une quelconque responsabilité pénale», ont indiqué les procureurs, dans un communiqué.
Chemours savait
Les autorités ont déclaré que l’enquête, qui porte sur la pollution jusqu’en 2012, serait «très complexe, tant sur le plan factuel que juridique», et qu’elle durerait au moins un an. Il s’agit de la dernière action en justice contre des entreprises chimiques du monde entier, qui ont déjà déboursé des milliards pour régler des plaintes concernant des produits toxiques.
En juin, le programme d’enquête néerlandais Zembla avait rapporté, affirmant se baser sur des documents judiciaires, que Chemours savait déjà il y a 30 ans qu’il polluait gravement les eaux souterraines situées sous l’usine et dans ses environs avec de grandes quantités de PFAS toxiques et cancérigènes. Un porte-parole de Chemours a déclaré à l’agence de presse locale ANP que la société «coopérerait pleinement» à l’enquête. «Nous nous efforçons constamment d’améliorer notre processus de production, afin de réduire davantage l’impact sur notre environnement», a assuré le porte-parole.
L’avocate Bénédicte Ficq, qui a porté l’affaire au nom des 2400 riverains de la centrale, a déclaré qu’il s’agissait d’une «étape importante» pour traduire en justice les responsables de la pollution et qu’elle servait «d’avertissement» aux autres entreprises. «Nous ne devons pas jouer avec le bien-être, la santé des personnes et l’environnement. Lorsque cela arrive, les patrons en costumes élégants doivent répondre à la loi», a-t-elle déclaré, dans un communiqué.