ConsommationSubstances chimiques du quotidien dans le viseur de Bruxelles
Couches-culottes, cartons de pizza, matelas ou jouets: tous comporteraient des composants toxiques, dont l’Union européenne voudrait se débarrasser. Même si l’industrie pétrochimique râle.
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Beaucoup de ces composants indésirables, comme les PFAS (soit des produits chimiques difficilement biodégradables) présents dans les emballages de nourriture (boîtes à pizzas par exemple), s’accumulent dans l’organisme.
photo d’illustration AFPComposants toxiques dans les couches, PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées, soit des produits chimiques difficilement biodégradables) dans les cartons de pizza ou PVC dans les chaussures: l’Union européenne est en passe d’interdire des familles entières de substances chimiques ultra-répandues, mais nocives pour la santé, selon un plan de la Commission européenne dévoilé lundi.
Le document détaille les futures restrictions envisagées dans le cadre de la vaste révision de la législation européenne sur les produits chimiques, actuellement négociée entre Bruxelles et les États membres, «en ciblant les substances les plus nocives pour la santé humaine et l’environnement».
Accumulation dans l’organisme
Les travaux sont «très avancés» pour six familles de substances examinées par l’Agence européenne des produits chimiques, les États et la Commission en vue d’un projet d’interdiction progressive, avant même l’adoption d’une nouvelle méthodologie de gestion des substances chimiques dans l’UE attendue à partir de 2025.
On y trouve le groupe des PVC (polychlorures de vinyle), plastiques très peu recyclables utilisés dans une vaste gamme de produits (jouets, emballages alimentaires, textiles, chaussures, meubles…), ainsi que leurs additifs (phtalates, PFAS, métaux lourds…), accusés d’être liés à des cancers ou à l’obésité. Beaucoup, comme les PFAS présentes dans les emballages de nourriture (boîtes à pizzas par exemple), peintures, vernis ou enduits, s’accumulent dans l’organisme.
«L’industrie pétrochimique va s’y opposer férocement»
D’autres groupes sont visés, à l’instar de tous les retardateurs de flammes (agents ignifuges dans les matelas, vêtements, sièges de voiture…) et toutes les substances classées comme cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction dans les articles pour enfants, notamment les couches. Sont également concernés tous les bisphénols, utilisés dans la fabrication de plastiques et contenants alimentaires, et considérés comme perturbateurs endocriniens.
Ce plan cible à la fois des familles entières de composants et leur interdiction pour «un éventail élargi d’utilisations, industrielles, professionnelles, grand public», explique la Commission européenne.
«Toutes les substances d’une même famille sont considérées aussi dangereuses que la plus nocive», et ce plan «couvre des milliers de composés chimiques», explique l’ONG European Environmental Bureau (EEB), qui anticipe une interdiction d’ici deux ans et complète en 2030. «L’industrie pétrochimique va s’y opposer férocement. Les retardateurs de flamme et bisphénols sont largement utilisés, il faut du courage politique pour les interdire. Presque tous les produits manufacturés dans les magasins et nos foyers seront touchés», estime Tatiana Santos, d’EEB.