Tour de FranceGino Mäder a porté Matej Mohoric vers la victoire
Le Slovène, très ému après sa victoire vendredi sur la 19e étape du Tour de France, a avoué avoir pensé à son ancien coéquipier au sein de la formation Bahrain-Victorious, tragiquement décédé en juin dernier.
- par
- Chris Geiger Poligny
Une victoire et des larmes. Matej Mohoric a vécu une journée haute en émotions vendredi sur les routes du Tour de France. L’angoisse, d’abord, juste après avoir franchi la ligne d’arrivée de la 19e étape à Poligny aux côtés de Kasper Asgreen. Le soulagement, ensuite, lorsque la photo-finish l’a déclaré vainqueur pour un boyau au nez et à la barbe du Danois, déjà victorieux la veille à Bourg-en-Bresse. La délivrance, pour finir, au moment de réaliser son exploit et de se remémorer les rudes dernières semaines qu’il venait de vivre.
Le Slovène de 28 ans, désormais trois succès sur la Grande Boucle au compteur, était inconsolable au moment de tomber dans les bras de ses coéquipiers et de se présenter sur le podium protocolaire. C’est encore ébranlé et les yeux rougis qu’il s’est présenté en conférence de presse. Où il n’a pas manqué de rendre hommage à Gino Mäder, son ancien partenaire au sein de la formation Bahraïn-Victorious, tragiquement décédé le 16 juin dernier à l’hôpital de Coire après une horrible chute sur le Tour de Suisse.
«Ce qu’il s’est passé est vraiment terrible, surtout lorsqu’on sait le genre de personne qu’était Gino, concède celui qui a remporté Milan-San Remo l’année dernière. J’étais là lorsqu’il a gagné son étape au Tour d’Italie (ndlr: en 2021). J’avais même joué un rôle crucial dans cette victoire. Je me sentais assez proche de lui. Ce qu’il s’est passé sur le Tour de Suisse fait réfléchir sur la vie. On émet des doutes sur nos propres carrières. Malgré ce terrible accident, la vie continue. Mais je tiens à dire que je suis désolé pour la famille et la copine de Gino.»
Mohoric est déjà le troisième coureur de la formation bahreïnienne à s’imposer sur cette 110e édition de la Grande Boucle, après les triomphes de l’Espagnol Pello Bilbao à Issoire (10e étape) et du Néerlandais Wout Poels du côté de Saint-Gervais (15e étape). Tout sauf un hasard selon le champion du monde juniors (2012) et espoirs (2013).
Mohoric, vainqueur d’étapes sur les trois grands tours
«Ces victoires dégagent des émotions assez extraordinaires au sein de notre équipe, confie le Slovène, qui a aussi remporté des étapes sur le Giro et la Vuelta. Peut-être que la mort de Gino nous a donné un peu plus de détermination pour aller chercher ces succès. Je l’ai bien senti aujourd’hui (ndlr: vendredi) dans la dernière côte du parcours, qui était assez exigeante. Peut-être bien qu’en 2021, je n’aurais pas gagné cette étape et lâché prise dans la Côte d’Ivory. Là, j’ai pensé à Gino et me suis rappelé qu’il était un grimpeur. Ça m’a donné un surplus de motivation pour aller encore plus au fond de moi-même.»
De là-haut, le Saint-Gallois d’origine bernoise, qui aurait dû découvrir le Tour de France cet été, est certainement très fier de ses potes. Ses anciennes couleurs ne l’ont d’ailleurs pas oublié, en témoigne le bus de l’équipe qui arbore un slogan à sa gloire et un dossard floqué du numéro 61 et du nom de Mäder. Celui qu’il aurait dû porter sur cette Grande Boucle.