Nucléaire iranien – Les diplomates se retrouvent à Vienne mais Washington n’y croit plus

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Nucléaire iranienLes diplomates se retrouvent à Vienne mais Washington n’y croit plus

Les diplomates se sont retrouvés à Vienne avec l’intention de «travailler dur» pour remettre sur les rails l’accord sur le nucléaire iranien, mais les États-Unis semblent se préparer à un échec.

Les négociations sur le nucléaire iranien ont repris jeudi, à Vienne.

Les négociations sur le nucléaire iranien ont repris jeudi, à Vienne.

REUTERS

Les États-Unis ont lancé des «préparatifs» en cas d’échec de la diplomatie pour régler le problème du nucléaire iranien, signalant que Washington ne croit plus guère au succès des discussions qui viennent de reprendre à Vienne.

«Au vu des avancées continues du programme nucléaire iranien, le président (américain Joe Biden) a demandé à son équipe de se préparer pour le cas où la diplomatie échouerait. Cela demande des préparatifs», a dit jeudi la porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki, en évoquant des «sanctions supplémentaires» contre les sources de revenus de Téhéran. «Nous avons proposé une voie diplomatique, cette voie reste ouverte», a-t-elle encore déclaré, avertissant toutefois, sur un ton plus ferme que d’habitude: «Nous nous préparons à prendre une tout autre voie» si besoin.

Les États-Unis, qui n’ont cessé de durcir leurs éléments de langage ces dernières semaines, et Israël ont par ailleurs discuté jeudi au Pentagone d’exercices militaires conjoints pour contrer les ambitions nucléaires de Téhéran.

Froid

Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin, accueillant son homologue israélien Benny Gantz, a évoqué un récent exercice mené en mer Rouge par les États-Unis, Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn. «Nous continuerons à développer cette architecture régionale de sécurité par le biais d’une coopération militaire, de formations et d’exercices conjoints», a-t-il dit.

De quoi jeter un froid sur les négociations qui viennent de reprendre à Vienne, pour tenter de sauver l’accord de 2015. Les diplomates s’étaient quittés vendredi sur un constat de divergences, les Occidentaux accusant Téhéran d’avoir fait marche arrière par rapport au printemps.

Après «d’utiles consultations dans les capitales», ils sont «revenus avec une détermination renouvelée pour travailler dur», a déclaré à la presse le coordinateur de l’Union européenne (UE), Enrique Mora, qui chapeaute le processus. «Le sentiment d’urgence», expression régulièrement évoquée dans ce dossier, «est encore plus aigu que d’habitude», a insisté Enrique Mora.

«Lever les malentendus»

La réunion des chefs de délégation des différentes parties (Russie, Chine, France, Allemagne, Royaume-Uni), qui avait débuté vers midi au Palais Cobourg, un hôtel de luxe de la capitale autrichienne, a duré un peu plus d’une heure.

L’ambassadeur russe Mikhaïl Oulianov a fait état d’une «ambiance constructive». «Nous avons réussi à lever une série de malentendus qui avaient créé une certaine tension», a-t-il précisé, cité par l’agence TASS, sans donner de détails.

Il s’agissait du redémarrage de la septième session après le cycle de négociations du printemps: ouvertes en avril, elles avaient été suspendues en juin en raison de l’élection d’un nouveau président iranien, pour ne reprendre que le 29 novembre. L’émissaire des États-Unis Rob Malley, qui y participe indirectement par l’intermédiaire des Européens, doit se joindre aux discussions durant le week-end.

L’Iran a nettement accéléré son programme ces derniers mois, tout en restreignant l’accès aux inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). De son côté, Téhéran a répété sa volonté de «négocier avec sérieux».

Défiance

Signe toutefois de la défiance iranienne, un des plus importants dignitaires religieux chiites a invité les diplomates de son pays à la vigilance. «Nous devons respecter les usages internationaux. Nous devons leur serrer la main, mais nous devons compter nos doigts aussitôt après», a déclaré le Grand ayatollah Abdollah Javadi Amoli.

Les discussions de Vienne visent à ressusciter l’accord de 2015 censé empêcher la République islamique de se doter de la bombe atomique, devenu moribond à la suite du retrait unilatéral des États-Unis trois ans plus tard sous la présidence de Donald Trump. En riposte, Téhéran s’est affranchi de la plupart des restrictions imposées à son programme nucléaire.

Dans un rapport publié jeudi, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a lui aussi mis en garde contre «de nouveaux atermoiements» qui pourraient «saper la confiance dans la capacité de l’accord à garantir que le programme nucléaire iranien reste de nature exclusivement pacifique».

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