France – Un fils unique abat sa mère nonagénaire en fin de vie

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FranceUn fils unique abat sa mère nonagénaire en fin de vie

Un quinquagénaire français a été interpellé pour avoir tué sa mère âgée et malade. Il affirme qu’elle lui a demandé d’en finir.

Le fils de la victime est accusé de «meurtre d’un ascendant».

Le fils de la victime est accusé de «meurtre d’un ascendant».

Reuters

Crime ou geste d’euthanasie? La question sous-tend une procédure judiciaire ouverte en Isère (France), après la mort d’une nonagénaire en fin de vie, abattue par son fils de 55 ans qui dit avoir voulu «abréger ses souffrances» à sa demande.

Alain C. a été mis en examen et écroué pour «meurtre d’un ascendant», le 7 février dernier, après avoir tué à coups de revolver sa mère, en pleine déchéance physique, après un infarctus et une fracture de la hanche. Selon lui, cette vieille dame de 95 ans voulait en finir et lui-même ne parvenait plus à assumer «seul» sa prise en charge à domicile. Jeudi, la chambre de l’instruction de Grenoble a rejeté sa demande de remise en liberté.

«Ma maman, j’ai fait ça pour elle. Elle ne voulait plus, je suis allé au bout, c’est très difficile, j’ai les images en permanence dans ma tête», a déclaré le prévenu, un chauffeur de car scolaire sans antécédent judiciaire, lors de l’audience, la semaine dernière.

«Risque de décompensation»

L’ordonnance de placement en détention estimait que son «acte violent» ne pouvait s’inscrire dans une forme de suicide assisté légalement acceptable. Était aussi invoqué un «risque de décompensation» lié à son «état dépressif».

Jeudi, la cour d’appel a repris ces arguments pour justifier son maintien en détention. «Il est indispensable de le protéger (…) compte tenu de ses fragilités psychiques», dit l’arrêt, tout en insistant sur «le trouble à l’ordre public» lié aux «circonstances de la mort violente de la victime».

Le code pénal prévoit la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre «sur un ascendant légitime ou naturel» et/ou sur une personne d’une «particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité». Mais pour l’avocat du prévenu, «cette affaire doit s’inscrire dans le débat sur la fin de vie et les moyens que la société se donne pour accompagner les plus âgés».

Tireur sportif

Le 5 février dernier, Alain C. appelle la gendarmerie pour dire qu’il vient de mettre fin aux jours de sa mère dans leur maison de Ruy-Montceau (Isère). Il avoue avoir tiré trois coups de feu au niveau du cœur avec un magnum 357.

En garde à vue, il assure que sa mère lui a demandé d’en finir en lui faisant promettre de ne pas se suicider ensuite. Il dit avoir tenté de lui administrer un médicament, puis de l’étouffer et comme elle respirait encore, il a pris un revolver pour l’achever.

Tireur sportif inscrit dans un club, il possédait un arsenal légal de cinq pistolets, trois revolvers et un fusil de gros calibre. Fils unique, ce célibataire a toujours vécu avec sa mère dans une relation fusionnelle, selon des témoins entendus par les gendarmes.

«Où est passée l’humanité?»

Frappée d’incontinence et d’insuffisance cardiaque, la vieille dame avait refusé d’aller en maison de retraite et vivait chez elle, en fauteuil roulant et lit médicalisé, avec des visites régulières d’infirmières. Son fils assure qu’elle avait plusieurs fois exprimé son souhait d’en finir – ce que deux témoins ont confirmé – tandis que lui-même sombrait dans la dépression.

«Bien sûr il y a eu des aides matérielles, des visites mises en place. Mais il a été témoin d’un processus de déchéance qu’il a dû affronter seul. Au-delà des questions matérielles, où est passée l’humanité dans la façon dont nous gérons la fin de vie dans notre société?» interroge l’avocat lyonnais, Me Laurent Bohé.

Cette affaire intervient alors que l’Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD) s’efforce de pousser le débat sur la légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie au cœur de la campagne présidentielle.  Trois Français sur quatre souhaitent que la légalisation de l’aide active à mourir figure dans le programme des candidats, selon un sondage IFOP effectué en février, à la demande de l’AMD.

Pensées suicidaires? Faites-vous aider

(AFP)

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