IndépendanceSans l’accord de Londres, l’Écosse ne peut organiser un autre référendum
Au Royaume-Uni, la Cour suprême a tranché. Après l’échec de 2014, Édimbourg espérait réorganiser un scrutin en 2023. Mais le gouvernement britannique a le dernier mot: non.
La Cour suprême britannique a estimé sans surprise, mercredi, que l’Écosse ne pouvait pas organiser un nouveau référendum d’indépendance sans l’accord de Londres, douchant les espoirs du gouvernement écossais, qui souhaitait tenir une telle consultation l’année prochaine. «La Cour a unanimement conclu que la proposition de loi relève des questions réservées» au pouvoir central à Londres, a expliqué le président de la Cour suprême, Robert Reed. De fait, «le Parlement écossais n’a pas le pouvoir de légiférer pour un référendum d’indépendance».
La Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, s’est dite «déçue» par le jugement de la Cour, estimant qu’une «loi qui ne permet pas à l’Écosse de choisir son propre avenir sans l’accord de Westminster montre que toute notion de partenariat volontaire avec le Royaume-Uni est un mythe».
Un domaine «réservé»
En 2014, les Écossais ont déjà refusé à 55% de quitter le Royaume-Uni. Mais aux yeux des indépendantistes du SNP, au pouvoir à Édimbourg, le Brexit intervenu depuis, auquel 62% des électeurs de la province se sont opposés, change la donne. Ils souhaitent que l’Écosse réintègre l’Union européenne en tant qu’État indépendant. Mais le gouvernement central, à Londres, s’oppose fermement à tout nouveau référendum d’indépendance et considère que le vote de 2014 a clos le débat pour une génération.
Anticipant un bras de fer judiciaire avec le gouvernement à Londres, Nicola Sturgeon avait pris les devants en saisissant la Cour suprême, pour que celle-ci se positionne sur la question qui divise les Écossais, selon les sondages. La Cour a estimé qu’un tel référendum – même consultatif – aurait des conséquences directes sur l’union du Royaume-Uni, un domaine «réservé» au gouvernement central, qui doit donc donner son accord avant la tenue d’un tel vote.
Union «volontaire» mise à mal
Avant la décision de la Cour suprême, la Première ministre écossaise avait averti qu’en cas d’échec devant la justice, elle ferait des prochaines élections générales au Royaume-Uni, qui doivent se tenir d’ici à janvier 2025, un référendum de fait sur la question de l’indépendance.
Lors des élections locales de 2021, elle avait promis d’organiser un référendum légalement valide une fois tournée la page de la pandémie de Covid-19. Elle avait déjà dévoilé la question, «L’Écosse doit-elle être un pays indépendant?» et même la date, le 19 octobre 2023, à laquelle elle entendait organiser cette nouvelle consultation.
Mais la Cour suprême a rejeté de tels arguments, Robert Reed indiquant que le droit international en matière d’autodétermination ne s’appliquait qu’aux anciennes colonies ou à des populations opprimées par une occupation militaire, ou quand un groupe n’a pas accès à certains droits. «J’aurais préféré une autre décision, mais elle donne une réponse claire, et je pense que c’est bienvenu», a indiqué Philippa Whitford, députée SNP. «Je pense que même si de nombreux partisans de l’union vont peut-être se réjouir, ils doivent aussi comprendre que cela leur pose des questions sur la nature du Royaume-Uni. On nous dit constamment qu’il s’agit d’une union volontaire et ils doivent donc réfléchir au droit démocratique qu’ont les Écossais de choisir leur propre avenir.»
Édimbourg doit désormais «se concentrer sur les besoins de la population»
Après le refus par la justice d’autoriser la tenue d’un nouveau référendum d’indépendance, le gouvernement britannique a affirmé, mercredi, qu’Édimbourg devait désormais se «concentrer sur les problèmes qui comptent le plus» pour les Écossais. «Nous prenons note et respectons le verdict unanime de la Cour suprême», a indiqué le ministre chargé de l’Écosse, Alister Jack. «Les gens en Écosse veulent que leurs gouvernements (à Édimbourg et à Londres, ndlr) se concentrent sur les problèmes qui comptent le plus pour eux.»