FranceEscroc sur Netflix comme dans la vraie vie en fuite
Un Britannique star d’un documentaire sur le service de streaming est recherché après avoir blessé deux gendarmes lors d’un banal contrôle.
Un Britannique, faux espion mais vrai escroc et héros d’un documentaire de Netflix, est recherché depuis jeudi en France, après avoir blessé deux gendarmes lors d’un banal contrôle de son élevage canin. Jeudi après-midi, des chiens d’élevage détenus par un couple de Britanniques à Vidaillat, un village de 180 habitants entre Limoges et Clermont-Ferrand, devaient être transférés vers un refuge, sous le contrôle notamment de la gendarmerie. C’est alors que, selon la préfecture locale, un homme «a démarré son véhicule puis percuté les deux militaires avant de prendre la fuite».
L’homme de 51 ans, au volant d’une Audi A3, a «sévèrement blessé» les deux gendarmes, dont l’un souffre d’une fracture ouverte au niveau du nez. La justice française a ouvert une enquête pour «tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique».
Installé depuis 2015
Selon la maire de la commune, Martine Laporte, l’homme, toujours en fuite vendredi, est Robert Hendy-Freegard. Arrivé dans le village avec sa compagne en 2015, il n’est pas un inconnu. Cet escroc britannique est le héros du documentaire «The Puppetmaster: leçons de manipulation», diffusé sur Netflix depuis le début de l’année et d’un film de fiction, «Rogue Agent», avec James Norton et Gemma Arterton, également sur Netflix. «Cela fait 4-5 ans qu’on sait que c’est une crapule», a témoigné, Serge, qui ne veut pas donner son nom, un voisin de la maison de pierres habitée par le couple.
Sa compagne, «au début, elle sortait et nous faisait un petit signe de la main comme la reine d’Angleterre, puis elle nous a dit “I don’t speak French” (je ne parle pas français) en partant en courant», ajoute-t-il.
Escroc notable
En 2005, Robert Hendy-Freegard avait été condamné par la justice britannique à la prison à perpétuité pour enlèvement, tromperie, vol sur des étudiants et des femmes, à qui il avait soutiré un total de plus d’un million de livres, en se faisant notamment passer pour un espion du MI5, les services secrets britanniques. Il avait été libéré en 2009, après qu’une Cour d’appel avait cassé la condamnation pour enlèvements. «Il parvenait à prendre le pouvoir et le contrôle sur la vie» de ses victimes, les forçant à vivre dans «une pauvreté abjecte», expliquait Bob Brandon, le policier en charge de l’enquête, lors du procès en 2005.
Vie en reclus
À Vidaillat, l’escroc s’était installé dans une maison isolée, accessible après plusieurs lacets dans la forêt. Si lui ne s’y rendait que «très rarement», sa compagne y vivait «totalement recluse» et «complètement sous influence», selon la maire. «Elle vivait dans des conditions terribles, ne sortait jamais à part dans sa petite cour, elle en était réduite à manger des châtaignes crues et des croquettes», assure le voisin. Son fils et sa fille, nés d’une autre union, pensaient leur mère disparue, jusqu’au début de l’année lorsqu’une voisine est entrée en contact avec sa fille en Angleterre. Cette dernière cherchait sa mère depuis huit ans.