TechnologieLe Parlement européen veut réguler l’intelligence artificielle
Mercredi, les députés européens se sont prononcés en faveur de la régulation de l’intelligence artificielle.
Les eurodéputés ont approuvé mercredi un projet européen de régulation de l’intelligence artificielle (IA), ouvrant la voie à une négociation avec les États membres pour finaliser ce texte qui doit limiter les risques des systèmes de type ChatGPT. Le Parlement européen a réclamé de nouvelles interdictions, comme celle des systèmes automatiques de reconnaissance faciale dans les lieux publics.
La Commission voudrait autoriser son usage par les forces de l’ordre dans la lutte contre la criminalité et le terrorisme. Le sujet devrait nourrir les débats avec les États membres qui refusent l’interdiction de cette technologie controversée. L’Union européenne espère conclure avant la fin de l’année le premier règlement au monde visant à encadrer et protéger l’innovation dans l’intelligence artificielle, un secteur stratégique dans la compétition économique.
Bruxelles a proposé il y a deux ans un projet ambitieux, dont l’examen a traîné en longueur et qui a encore été retardé ces derniers mois, par les controverses sur les dangers des IA génératives capables de créer des textes ou des images.
«L’IA soulève de nombreuses questions»
Le Parlement européen a adopté mercredi sa position lors d’un vote en séance plénière à Strasbourg. Dès la fin de journée, des négociations doivent commencer avec les États membres pour finaliser la législation au plus vite. Le commissaire Thierry Breton, qui a porté le texte avec sa collègue Margrethe Vestager, a appelé à conclure le processus dans «les prochains mois». «L’IA soulève de nombreuses questions – sur le plan social, éthique et économique. (…) Il s’agit d’agir vite et de prendre ses responsabilités», a-t-il déclaré mercredi.
Mais le règlement n’entrera pas en application avant 2026, dans le meilleur des cas. Estimant qu’il y avait urgence, Thierry Breton et Mme Vestager ont annoncé leur intention d’obtenir des engagements volontaires des entreprises aussi vite que possible.
Potentiel immense
D’une grande complexité technique, les systèmes d’intelligence artificielle fascinent autant qu’ils inquiètent. S’ils peuvent sauver des vies en permettant un bond en avant des diagnostics médicaux, ils sont aussi exploités par des régimes autoritaires pour exercer une surveillance de masse des citoyens. Le grand public a découvert leur potentiel immense, à la fin de l’année dernière, avec la sortie du générateur de contenus rédactionnels ChatGPT de la société californienne OpenAI, qui peut rédiger des dissertations originales, des poèmes ou des traductions, en quelques secondes.
Exemple des prouesses désormais possibles: une chanson inédite des Beatles enregistrée en utilisant l’IA pour récréer la voix de John Lennon sortira cette année. Mais la diffusion sur les réseaux sociaux de fausses images, plus vraies que nature, créées à partir d’applications comme Midjourney, a alerté sur les risques de manipulation de l’opinion et les dangers pour la démocratie.
Des scientifiques ont réclamé un moratoire sur le développement des systèmes les plus puissants, en attendant qu’ils soient mieux encadrés par la loi. «Nous avons besoin de règles (…). Le monde entier nous regarde», a souligné l’eurodéputé Brando Benifei, lors d’un débat mardi.
«Besoin de règles»
La position du Parlement confirme dans ses grandes lignes l’approche de la Commission. Le texte s’inspire des réglementations existantes en matière de sécurité des produits et imposera des contrôles reposant d’abord sur les entreprises.
Le cœur du projet consiste en une liste de règles imposées aux seules applications jugées à «haut risque». Il s’agirait des systèmes utilisés dans des domaines sensibles comme les infrastructures critiques, l’éducation, les ressources humaines, le maintien de l’ordre ou la gestion des migrations… Parmi les obligations: prévoir un contrôle humain sur la machine, l’établissement d’une documentation technique, ou encore la mise en place d’un système de gestion du risque.