Affaire GriveauxVidéos sexuelles: Pavlenski et De Taddeo devant la justice française
Plus de trois ans après la diffusion des vidéos à caractère sexuel qui ont entraîné la chute de Benjamin Griveaux, l'artiste russe et sa compagne sont jugés à Paris, mercredi, pour atteinte à l'intimité de la vie privée.
Le 14 février 2020 au matin, le candidat LREM (aujourd'hui Renaissance) à la mairie de Paris annonce à l'AFP l'abandon soudain de sa campagne, au lendemain de la présentation de son programme, fustigeant des «attaques ignobles mettant en cause (sa) vie privée». Le soir du 12 février, deux vidéos intimes ont été publiées sur un site baptisé «Pornopolitique» dont le lien est relayé sur les réseaux sociaux, accompagnées d'un texte signé Piotr Pavlenski.
Cette démission de l'ancien secrétaire d'État, porte-parole du gouvernement et député provoque un scandale politique: gauche et droite s'indignent unanimement d'un «naufrage voyeuriste» et d'une «menace pour la démocratie».
Mercredi, les deux prévenus, âgés respectivement de 39 et 32 ans, seront à la barre, soupçonnés d'avoir enregistré et diffusé ces images. Benjamin Griveaux, 45 ans, qui a peu à peu abandonné sa carrière politique pour l'entrepreneuriat, ne sera pas présent.
«Art politique»
Piotr Pavlenski, connu pour des «performances» extrêmes en Russie et réfugié en France depuis 2017, revendique cette action d'«art politique», visant à dénoncer l'«hypocrisie dégoûtante» d'un homme qui «fait la propagande des valeurs familiales traditionnelles». Le lendemain, l'ex-ministre porte plainte, une instruction est ouverte et, le 18 février, l'artiste ainsi que sa compagne alors étudiante sont mis en examen.
«Les deux prévenus ont importé en France les méthodes de la Stasi pour abattre un candidat en campagne et détruire sa famille», a déclaré Me Richard Malka, avocat de Benjamin Griveaux. «Pour Pavlenski, nos vies privées n'ont aucune valeur et peuvent être bafouées pour assouvir son besoin de lumière médiatique. C'est affligeant et gratuitement destructeur».
De Taddeo a gardé les vidéos
Les images montrant un homme non identifié en train de se masturber avaient été montées avec des captures d'écran de messages. Elles avaient été reçues par Alexandra de Taddeo lors d'une brève relation avec Benjamin Griveaux, entre mai et août 2018. Ces vidéos éphémères devaient s'effacer au bout de 30 secondes, mais la jeune femme a expliqué avoir réglé son téléphone pour les conserver, afin d'avoir des «preuves» si leur relation venait à se savoir. Elle affirme que Piotr Pavlenski, qu'elle a rencontré fin 2018, les a diffusées à son insu. Les juges d'instruction ont au contraire retenu son «implication directe», au regard notamment du soutien financier d'une association, qu'elle présidait, au site «Pornopolitique».
«Événements d'art politique»
En Russie, Piotr Pavlenski a réalisé plusieurs «évènements d'art politique»: il s'est cousu les lèvres en soutien au groupe contestataire Pussy Riot, cloué les testicules sur la place Rouge et il a mis le feu à l'une des portes du siège historique des services de sécurité russes. En janvier 2019, il a été condamné à trois ans de prison dont un ferme pour avoir incendié la façade d'une succursale de la Banque de France, place de la Bastille, haut lieu de la Révolution française, un contre-sens historique selon lui.