Golfe PersiqueDiscours musclé du nouvel émir du Koweït
Cheikh Mechaal a reproché au gouvernement et au Parlement d’avoir «nui aux intérêts du pays», après avoir prêté serment comme 17e souverain de l’État pétrolier.
Le nouvel émir du Koweït, Mechaal al-Ahmad al-Jaber Al-Sabah, a reproché mercredi au gouvernement et au Parlement d’avoir «nui aux intérêts du pays» après avoir prêté serment comme 17e souverain de l’État pétrolier. Succédant à son demi-frère Nawaf, décédé samedi, Mechaal est censé sortir le pays d’une longue crise politique et réformer un secteur public hypertrophié qui a fait du Koweït un pays à la traîne dans le Golfe. «J’ai mentionné dans de précédents discours des tâches nationales qui doivent être remplies», a déclaré le dirigeant de 83 ans devant les membres du Parlement, reprochant aux institutions de n’avoir pris «aucune action».
Selon lui, le Parlement et le gouvernement ont, au contraire, «nui aux intérêts du pays», en procédant notamment à des nominations et à des promotions dans la fonction publique qui «ne répondent pas aux normes les plus simples de justice et d’honnêteté». Il s’est engagé à revoir ces décisions après avoir déjà signé le 5 décembre un décret ordonnant une pause dans les recrutements de la fonction publique.
Le Koweït, frontalier de l’Arabie saoudite et de l’Irak, renferme 7% des réserves mondiales de brut. Il est peu endetté et possède l’un des fonds souverains les plus puissants au monde. Cependant, le pays est englué dans des crises à répétition entre le Parlement élu et le gouvernement dominé par la famille princière des Al-Sabah.
Réprimande «inédite»
Ces blocages ont empêché l’adoption des réformes pour diversifier l’économie, tandis que les déficits budgétaires cumulés et le manque d’investissements étrangers ont ajouté à la morosité ambiante. «Il s’agit de l’un des discours inauguraux les plus forts jamais prononcés», a déclaré Bader al-Saif, de l’Université du Koweït, sur X, anciennement Twitter. Selon lui, le nouvel émir a réprimandé de «manière inédite» le gouvernement et le Parlement.
Au cours de sa longue carrière au sein de l’appareil de sécurité, Mechaal s’est tenu à l’écart des querelles qui ont souvent secoué la famille princière. Il aura à choisir un prince héritier et la question sera de savoir s’il va opter ou non pour un représentant de la jeune génération des Al-Sabah. Le nouvel émir devra également nommer un Premier ministre dont le cabinet aura à traiter avec un Parlement où l’opposition est active.