Hockey sur glace: Pourquoi à Graben Sierre a vraiment l’avantage de la glace

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Hockey sur glacePourquoi à Graben Sierre a vraiment l’avantage de la glace

Pour les GCK Lions et les adversaires des Sierrois, venir dans cette patinoire vétuste est souvent un enfer comme l’expliquent des acteurs de Swiss League. 

Christian Maillard
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Christian Maillard
La patinoire de Graben reste un enfer pour les autres.

La patinoire de Graben reste un enfer pour les autres.

LMS

Aller jouer à Sierre dans la vétuste patinoire de Graben, c’est comme quand vous vous rendez chez le dentiste, personne n’aime ça, mais chacun doit y passer à un moment donné. Ce n’est jamais une partie de plaisir pour l’adversaire et un réel avantage pour les Valaisans.

«La jeune génération de joueurs est aujourd’hui habituée à des installations hypermodernes et il est évident que pour eux, quand ils arrivent dans cette patinoire vétuste, où il fait très froid, cela peut faire la différence si tu n’as pas un gros caractère, explique Eric Landry, qui a connu la NHL, avant de rebondir en Suisse, de jouer à Lausanne, Bâle, Berne, Ambri et de diriger notamment les Ticino Rockets en Swiss League.

«La jeune génération de joueurs est aujourd’hui habituée à des installations hypermodernes et il est évident que pour eux, quand ils arrivent dans cette patinoire vétuste, où il fait très froid, cela peut faire la différence»

Eric Landry, entraîneur assistant à Ambri

Les Zurichois des GCK Lions, qui sont menés 2 à 1 dans la série des play-off de Swiss League, s’attendent donc encore une fois à un accueil intimidant ce mardi soir en Valais. «Quand ils vont débarquer dans le vestiaire, situé du côté des supporters de Sierre, ils vont connaître un peu l’enfer, surtout s’ils n’ont pas l’habitude de ces veilles patinoires où il fait très froid et humide, sourit Arnaud Riat, passé par Graben avant de rejoindre Martigny. Comme j’ai joué avant là-bas je n’ai pas eu de souci avec les fans cette saison. Mais oui, ça peut être chaud.»

«Quand on s’échauffe dans les gadins on a toujours peur qu’ils s’effondrent.› Pour moi, dans une ligue censée être pro, c’est inacceptable»

Frédéric Iglesias, défenseur au HC Martigny

Comme le confirme Frédéric Iglesias, lui aussi à Martigny. «Cette patinoire est aussi dangereuse, renchérit le défenseur. Je ne vous parle pas des joueurs qui peuvent tomber dans une fosse derrière le banc la tête la première avec son équipement comme c’était le cas avec Arnaud Montandon en 2021. Mais quand on s’échauffe dans les gadins on a toujours peur qu’ils s’effondrent. Pour moi, dans une ligue censée être pro, c’est inacceptable. Maintenant, l’équipe adverse qui s’est tapée quatre heures de bus, qui rejoint ensuite le vestiaire où il n’y a pas de chauffage, pas d’eau chaude, où les gars sont assis les uns sur les autres, cela donne clairement un avantage aux Sierrois.»

Une patinoire très vétuste.

Une patinoire très vétuste.

LMS

Ancien entraîneur, notamment, de Forward Morges et de Martigny, Laurent Perroton a tout vécu dans ce vieux Graben qu’il adore! Mais que d’anecdotes pour le consultant, qui a été insulté par les supporters sierrois, il a même eu droit à sa chanson et des scènes d’intimidation alors qu’il faisait un selfie avec la foule dans son dos qui hurlait son nom.

«Dans une équipe, tu n’as pas que des guerriers et pour certains, des jeunes, ça peut être très impressionnant»

Laurent Perroton, ex-coach (notamment) de Morges et de Martigny

«À chaque fois que tu vas jouer là-bas, tu soupires car tu sais que cela va être conflictuel. Cela commence à la sortie du car, quand tu dois passer dans un long couloir qui longe la voie de chemin de fer avec des gens déjà bien avinés. Tu te dis que ça va être long et tu te demandes ce qui va se passer. Si le match est hypertendu ça peut être très très chaud, tu dois sortir là où il y a les fans avec tes sacs et ça peut vite déraper. On s’était d’ailleurs retrouvé mon assistant et moi bloqué contre un mur avec dix gars qui nous ont menacés.» Ou avec les joueurs, la physio et les coaches, devant la porte du vestiaire des visiteurs entouré de fous furieux qui faisaient trembler les barrières autour d’eux.

Le temps de mettre de l’ordre dans sa mémoire, il ajoute, hilare. «Là-bas, j’ai vraiment vécu des moments exceptionnels, où ce sont de loin les meilleurs souvenirs de ma carrière de coach, reconnaît le technicien français. Il y a une atmosphère particulière où l’adversaire est à côté du kop. Lors de play-off avec Morges, alors que nous étions menés 5 à 1, je me souviens que je m’étais mis tout le monde à dos pour que les fans arrêtent d’encourager leur équipe. Cela nous avait permis de tourner le match en notre faveur.»

Laurent Perroton se rappelle aussi d’une théorie d’avant-match qu’il a faite à ses joueurs dans le noir alors qu’ils entendaient la foule hurler devant leur petit coin. «Il n’y avait plus de lumière, c’était intimidant. Dans une équipe, tu n’as pas que des guerriers et pour certains, des jeunes, ça peut être très impressionnant.» Comme cette scène au-dessus de son banc où était placé un fan hurlait à un mètre de lui à plat ventre sur un plexiglas alors que tout Graben était prêt à exploser.

«Moi qui adorais ces ambiances électriques, cette pression, j’ai toujours adoré aller jouer à Sierre»

Lauent Perroton, ex-coach (notamment) de Morges et de Martigny

«Là-bas, sourit encore Laurent Perroton, tu ressens vraiment une âme et le poids de l’histoire, ce qui n’est plus le cas dans les nouvelles patinoires. Ces matches à Sierre, ça a toujours été très épique, mais je n’en garde que de bons souvenirs car ca donne des matches incroyables. Moi qui adorais ces ambiances électriques, cette pression, j’ai toujours adoré aller jouer à Sierre.» Mieux que de se rendre chez son dentiste…

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