FootballÀ Sion, comme un besoin de combler le vide
Les Valaisans auraient-ils été trop bons? En ayant fait faux bond à la lutte pour le maintien cette saison, ceux-ci donnent l’impression de ne plus savoir après quoi courir. Alors ils s’inventent des problèmes.
- par
- Florian Vaney
Le genre de scènes qui se produisent devant le banc du FC Sion quasi systématiquement depuis la réception de Zurich il y a un mois commencent gentiment à devenir gênantes. La première fois, les Valaisans avaient perdu leur coach, Paolo Tramezzani, pour trois matches à cause d’un débordement émotionnel. Depuis, trop souvent, à chaque fois sur un fait de jeu un peu chaud devant le staff valaisan, un paquet d’hommes se forme, le calme de façade disparaît et laisse place à des échanges vocaux et physiques qui font peu à peu apparaître une évidence: la sérénité des Sédunois au classement ne s’est pas prolongée plus loin dans l’équipe, où trop de détails donnent une impression de crispation générale.
Tout le paradoxe, c’est que Sion a sans doute été trop fort cette saison. Paolo Tramezzani, son staff, ses dirigeants ont trouvé la formule pour faire naître une identité à leur groupe. Sans principes de jeu transcendants sur la durée, mais dans des proportions qui en ont fait une équipe délicate à jouer pour tout le monde. Les faillites sportives de Lausanne et du Lucerne du premier tour ont fini de consolider la place loin des problèmes des Valaisans. On peut aussi y voir un lien de cause à effet. C’est par les émotions que le pensionnaire de Tourbillon a acquis sa tranquillité au classement. Ces mêmes émotions qui le poussent à perdre son self-control depuis plusieurs semaines.
Alors? Alors Sion n’est vraiment jamais lui-même que lorsqu’il a les pieds enfoncés dans les soucis. Quelque part, c’en est devenu son fonds de commerce, une façon d’exister auprès du public. Ses dernières saisons, toujours à l’affût d’une potentielle relégation, ne lui ont laissé aucun répit. Cette année, tout va bien. Trop bien. Le vide menace. Les Sédunois ont besoin de le combler.
Le Servette philosophe
Le contraste frappe avec ce Servette qui encaisse son vide à lui avec philosophie. L’Europe paraît loin, la 9e place à des kilomètres. «Ce qu’on va faire? Jouer, pardi. C’est le principe d’un championnat quand même», s’étrangle presque Alain Geiger. Dimanche, un néophyte est apparu sur le terrain. Valton Behrami et ses 18 ans. D’autres suivront peut-être. Ou pas. Ce sujet-là ne quitte jamais la Praille et ses environs. Mais le SFC se satisferait aussi plus que largement d’une fin d’exercice honorable avec sa «vieille garde», histoire de se roder pour la prochaine saison. Comme les Servettiens présentent le tableau, qu’ils choisissent noir ou blanc, ils ne peuvent pas vraiment se tromper.
Pendant ce temps-là, le FC Sion a besoin de quelque chose de palpable à court terme à se mettre sous la dent. Alors son entraîneur sort de ses gonds en interview d’après-match devant l’une des radios partenaires du club, avant de perdre son sang-froid dans un match pourtant admirable de ses protégés face au futur champion. Alors son président enfile des gants de boxe et s’affiche en train de mettre une droite à un professionnel. Alors une excitation presque théâtrale apparaît à la moindre scène un peu chaude devant le banc valaisan. Alors l’équipe replonge sur le terrain, comme si elle s’ennuyait des ennuis…
Impatience mal placée
Peut-être est-ce «l’effet Alessandro Recenti», qui ne peut pas être accusé de grand-chose tant sa position sur le banc était plus formelle que tout autre chose. Reste que les trois matches (aucun point) dirigés par l’assistant de Paolo Tramezzani durant sa suspension ont laissé derrière eux plus d’inquiétudes qu’autre chose. Les Valaisans ont notamment montré de grosses lacunes dans leur comportement défensif dimanche à Genève. Presque une sorte d’impatience, qui ne colle de nouveau pas à leur 7e place au classement.
Pas sûr que Lucerne soit capable de combler les huit longueurs de retard qu’il accuse sur Sion durant le quatrième et dernier tour. Mais sans doute lui rendrait-il un fier service s'il venait à lui souffler d’un peu plus près dans la nuque.