BasketballPetar Aleksic a refoulé ses envies de quitter Fribourg Olympic
Prêt à relever un nouveau défi à l’intersaison, l’entraîneur bosno-suisse est finalement resté et a entamé sa dixième saison de suite à la tête de l’équipe fribourgeoise.
- par
- Brice Cheneval
On l’avait quitté fin mai, heureux et soulagé sur le parquet de la Riveraine à Neuchâtel, où Fribourg Olympic venait d’engranger un quatrième titre de champion de Suisse consécutif. Le 15e trophée à titre personnel pour Petar Aleksic (53 ans), à la tête de l’équipe depuis 2013. Le sentiment du devoir accompli, l’entraîneur bosno-suisse ne cachait pas ses envies d’ailleurs: «Ma priorité, c’est de savoir comment je peux me motiver. Et désormais, c’est très compliqué. Je ne suis pas contre le fait de rester à Fribourg, mais je ressens le besoin de relever un nouveau challenge. Je pense l’avoir mérité.»
Quatre mois plus tard, il n’a pas bougé. Faute de propositions étrangères convaincantes cet été, l’ancien sélectionneur (2013-2016) a pris la décision d’enchaîner une dixième saison de suite sur le banc fribourgeois. «Il me reste un an de contrat. J’aime ce club, je m’y sens bien, j’ai ma famille avec moi. Je ne veux pas changer juste pour changer, assure-t-il. Si je dois m’en aller, c’est pour un meilleur club. J’ai reçu quelques offres mais elles ne présentaient pas, selon moi, de meilleures conditions qu’ici. J’ai aussi songé à faire un break et me reposer, mais j’ai décidé de continuer ma mission.»
Formulé ainsi, ce choix peut s’apparenter à celui du confort. En vérité, Petar Aleksic relève un épineux défi: au sortir d’un exercice historique (marqué par le quadruplé championnat-Coupe de Suisse-Coupe de la Ligue-Supercoupe) et après tant d’années de succès, comment éviter la lassitude? «Je sais que c’est une tâche compliquée. Pour être honnête, nous n’avons pas une grande marge de progrès», reconnaît-il. S’il n’écarte pas le risque de la saison de trop - «Cela peut arriver, c’est un risque inhérent à la fonction» -, Aleksic assure conserver «cette faim de travail» et rafraîchir sa méthode: «Je ne vais pas changer radicalement mais chaque année, j’essaie d’apporter quelque chose de différent.»
Préparation estivale perturbée
Alors que la Swiss Basketball League reprend ce samedi, Fribourg Olympic a débuté sa saison par une défaite face à Chemnitz (70-93), vendredi, en demi-finale des qualifications de la Ligue des champions. «C’était un match très difficile, face à l’une des meilleures formations d’Allemagne, commente le technicien. Nous avons tenu 25 minutes. Ensuite, ils ont pris le dessus physiquement. Je ne suis pas déçu du résultat, parce que nous avons donné notre maximum.»
Qui plus est, les Fribourgeois ont abordé ce rendez-vous dans des conditions loin d’être optimales: les cadres Paul Gravet, Natan Jurkovitz et Jonathan Kazadi ont passé leur été sur les terrains de 3x3; ce même Kazadi s’est produit sous le maillot national; et l’équipe a été confrontée à une hécatombe de blessures (Uros Nikolic, Coryon Mason et Kazadi, encore lui). «Nous n’étions pas en mesure de nous préparer au mieux, déplore Aleksic. Je ne peux pas commenter la qualité de l’effectif vu que je n’ai pas encore pu compter sur tout le monde en même temps à l’entraînement. C’est le problème.»
Reste que l’ogre du basket helvétique a échoué aux portes de la phase de groupes pour la quatrième fois d’affilée. Pour son coach emblématique, il ne s’agit pas d’un échec: «Nous l’avions atteint il y a quatre ans, mais c’était un miracle! En Suisse, on ne mesure pas la qualité du basket à l’échelle européenne. Le club fait son maximum, je peux vous l’assurer. Seulement, dans les conditions actuelles, ce n’est pas possible de faire mieux. Nous sommes loin des autres équipes dans plein de domaines. Notre championnat n’est pas assez relevé. Nos adversaires européens nous imposent un défi physique dont on n’a pas l’habitude. Nous devons nous endurcir, tant sur cet aspect que mentalement. Mais regardons la situation positivement: jouer la Coupe d’Europe nous permet de nous améliorer d’année en année.»
Afin de franchir un vrai cap, Petar Aleksic implore «l’aide du basket suisse», à travers une formation plus qualitative, l’assouplissement de la règle sur les joueurs étrangers (actuellement limités à quatre par club de SBL) ou encore une hausse des moyens financiers. Rien ne dit qu’il sera écouté, ni même que ses désirs soient réalisables. Et si ce devait être le cas, il ne sera probablement plus là pour constater l’évolution. Car Aleksic vit peut-être sa dernière saison avec Fribourg Olympic. Sa «dernière danse».