Hockey sur glaceÀ Sierre, les violons ont été accordés autour de Graben
Le club valaisan, contraint de s’exiler à Rarogne pour son début de préparation sur la glace, a retrouvé sa patinoire ce mercredi. Cette année, pas de polémique et une étroite collaboration entre toutes les parties.
- par
- Chris Geiger
Pour le deuxième été consécutif, le quartier général du HC Sierre a temporairement déménagé du côté de Rarogne (VS). Cette année, aucune mauvaise surprise pour le club valaisan. Ce dernier a retrouvé la glace de la vétuste patinoire de Graben ce mercredi, conformément à l’accord signé avec les autorités de la Cité du Soleil. Avant de retrouver son antre, Yves Sarault a distillé ses coups de sifflet durant deux semaines dans un cadre plus moderne.
«La petite patinoire à Rarogne est franchement super, se félicite l’entraîneur canadien. C’est du neuf et la glace est bonne, même à cette période de l’année. Il fait super froid dans l’arène, c’est bien réfrigéré. Les gens de la patinoire et la communauté du village sont tous très sympathiques avec nous. Les conditions sont vraiment idéales. Et comme, en plus, on avait cette fois planifié cette situation, c’est idéal!»
Polémique éteinte
Plein de malice, l’ancien coach de Lausanne (2017-2018) et Langnau (2021-2022) fait référence à l’imbroglio de juillet 2022, lorsque la Ville de Sierre avait décidé unilatéralement de ne pas faire fonctionner les compresseurs de la patinoire de Graben durant la canicule pour des raisons écologiques, prenant au dépourvu le club présidé par Alain Bonnet.
«Ce qui avait été frustrant l’année passée, c’est qu’on avait reçu l’information au dernier moment, rappelle le dirigeant. Ça avait été très difficile de s’organiser car toutes les patinoires environnantes étaient déjà louées. Cette année, grâce à une bonne collaboration avec la Ville, on a pu anticiper cette problématique tant pour la première équipe que pour le mouvement junior.»
Le club de la Cité du Soleil, éliminé l’hiver dernier en quarts de finale des play-off de Swiss League par le futur champion chaux-de-fonnier, avait finalement trouvé une solution de repli du côté de Brigue. Cet été, le trajet a été réduit de moitié – environ 25 minutes de route pour se rendre dans le petit village de Rarogne – et la parenthèse haut-valaisanne s’est même avérée bénéfique. Entre les deux séances quotidiennes sur la glace et le travail foncier effectué en salle de force, les joueurs ont ainsi partagé le repas de la mi-journée. De quoi tisser des liens entre les nouveaux venus et le reste de l’effectif.
Travaux à Graben
Cela a aussi été le cas entre les dirigeants sierrois et les autorités locales. Les différentes parties concernées se sont rapprochées après la confusion remontant à douze mois en arrière. Preuve en est, les autorités locales ont mis la main au porte-monnaie pour mettre en conformité la patinoire de Graben et répondre aux exigences des instances. Le coût global, en intégrant les frais de fonctionnement, se monte d’ailleurs à plus d’un million de francs par année, à la charge de la commune.
«On a effectivement une grande chance car la Ville de Sierre a investi énormément d’argent durant l’été, ce qui nous permettra d’avoir la licence jusqu’à l’inauguration de la nouvelle patinoire, reprend Alain Bonnet. De nouveaux garde-corps intérieurs en verre ont été installés, alors que les toilettes et les gradins ont été rénovés. On reçoit un grand soutien de la Ville. En contrepartie, on accepte d’aller s’entraîner ailleurs durant une dizaine de jours.»
Cet échange de bons procédés est d’ailleurs appelé à durer jusqu’à l’horizon 2027-2028, période où la nouvelle arène des Condémines devrait sortir de terre. Une période transitoire dictée par des installations d’un autre temps, ventilées et ouvertes au sommet, qui ne répondent plus aux normes écologiques. Surtout dans la vallée du Rhône, où le thermomètre a tendance à s’affoler en période estivale.
«Il ne faut pas oublier que la patinoire de Graben, dont les infrastructures sont vieillottes, a été construite à l’époque pour des sports d’hiver, rappelle Pierre Berthod, président de la Ville de Sierre. En ce sens, devoir produire du froid durant les mois de juillet et d’août peut paraître étonnant. Un report de la production de glace, en accord avec le club, a donc été validé pour une raison d’économie de coûts.»
Économie non négligeable
Puis de démontrer, chiffres à l’appui, le bien-fondé de la démarche. «La moyenne de consommation à Graben, entre 2018 et 2021, se chiffrait à 800’000 kWh par année, quand bien même il n’y a pas de glace durant les mois estivaux, reprend le politicien du Centre. Ce chiffre correspond à environ 160 ménages par année. Le report d’une dizaine de jours en 2022 nous a permis d’économiser 65’000 kWh, soit l’équivalent de 13,5 ménages.»
Cette mesure, renforcée par le fait que Graben – comme toutes les patinoires – fait partie des infrastructures ciblées en cas de pénurie d’énergie, représente une bonne solution pour toutes les parties concernées. Et le questionnement de la mise en glace ne constitue pas une nouveauté.
«Il a fallu trouver un entre-deux et je pense qu’il s’agit d’une mesure équilibrée, se félicite Pierre Berthod. Elle ne prétérite pas énormément la première équipe du HC Sierre. Certes elle a dû se déplacer, mais elle a trouvé à Rarogne une patinoire autrement plus moderne, qui produit déjà de la glace.»
Douze mois après le fâcheux quiproquo, le ciel est à nouveau bleu dans la Cité du Soleil. Avec des autorités et un club unis.