Séisme en Afghanistan«Tout notre système de distribution d’eau est détruit»
Un jour après le tremblement de terre qui a secoué une partie de l’Afghanistan, les rescapés tentent de survivre dans cette province pauvre et reculée.
Des amas de pierres partout, murs effondrés, toits écroulés: ravagé par le tremblement de terre qui a frappé le sud-est de l’Afghanistan, le village de Ghurza, dans la province de Paktika durement éprouvée, n’est plus jeudi que désolation. Les rescapés du séisme, lequel a fait au moins un millier de morts, n’ont plus d’endroit pour s’abriter et errent dehors, le regard las et résigné.
Les sauveteurs tentaient désespérément jeudi de venir en aide aux victimes du séisme qui a fait au moins un millier de morts dans le sud-est de l’Afghanistan, mais leurs efforts étaient entravés par le manque de moyens, le terrain montagneux et les pluies abondantes. Il s’agit du séisme le plus meurtrier qu’ait connu l’Afghanistan en plus de deux décennies.
Zaitullah Ghurziwal vivait là sur une parcelle accueillant six familles. Il pointe du doigt sa maison en ruines. «J’étais réveillé quand le tremblement de terre s’est produit (…) Quand je suis sorti de ma maison, tout était silencieux, parce que les gens étaient ensevelis sous leurs maisons», raconte-t-il à l’AFP. «Il n’y a pas de couvertures, pas de tentes, pas d’abris (…). Nous avons besoin de nourriture et d’eau. Tout notre système de distribution d’eau est détruit. Tout est dévasté, les maisons sont détruites. Les gens ne peuvent que retirer des morts (des décombres) et les enterrer», ajoute-t-il.
La localité, dans le district de Bermal, est située sur une piste en terre cahoteuse, avec des ornières, serpentant dans la moyenne montagne le long d’une large rivière presque à sec, qu’il faut parfois emprunter pour poursuivre sa route.
Des villages entièrement détruits
Plusieurs villages du district ont été entièrement détruits. Régulièrement un hélicoptère militaire arrive de la vallée pour déposer des vivres à Ghurza, ou bien ramener chez eux des blessés qui ont été soignés dans des hôpitaux. Quelques ONG étrangères ont distribué ponctuellement de la nourriture, mais l’équipe de l’AFP n’a vu aucune agence de l’ONU.
Le lieu est très difficile d’accès et témoigne des difficultés logistiques auxquelles font face les secours, qui n’accèdent que très lentement aux sites les plus touchés. La frontière pakistanaise est toute proche. Sur une colline dominant le village, se trouve une ancienne base américaine. «Nous avons beaucoup de morts et de blessés. Peu d’entre nous ne sont pas blessés», souligne Zaitullah.
«Nous n’avions même pas une pelle pour creuser»
Après l’effroi des premières heures, les habitants ont déjà pourtant séché leurs larmes. Le malheur et la misère sont un lot presque quotidien dans cette région, l’une des plus pauvres du pays. Mercredi, ils ont enterré une soixantaine de personnes et jeudi 30 corps ont été inhumés. «Nous n’avions même pas une pelle pour creuser, aucun équipement, alors nous avons utilisé un tracteur», décrit Zaitullah.
Au milieu de la cour, sa mère octogénaire, légèrement blessée, est allongée sur un lit, abritée du soleil par un drap. La nuit précédente, il a plu fortement et des enfants ont dormi là dans une voiture sans roue. Sur un terrain isolé, à l’écart du village, l’AFP a compté 83 tombes sommaires, renfermant les corps de 90 personnes. Parfois des enfants ont été enterrés ensemble ou bien un enfant avec sa mère, dans la même tombe.
Une pelleteuse a creusé une grande tranchée sur une centaine de mètres pour y enterrer là les victimes. Aucun nom n’est inscrit sur les tombes, juste faites d’un petit monticule de terre, avec quelques pierres et branches posées simplement.
«J’ai quatre morts»
Près d’une maison entièrement détruite, une tente est dressée, sous laquelle s’abritent une quinzaine de femmes et d’enfants de plusieurs familles. «J’ai quatre morts (dans ma famille)», explique Zulfana, 80 ans, vêtue d’une robe de velours rouge à fleurs et d’un long châle vert. «Je les ai enterrés aujourd’hui (jeudi) et 12 autres sont blessés. Je me sens si vulnérable, je n’ai pas un seul sou», soupire-t-elle.
Nawab Khan a aussi perdu sept membres de sa famille: son épouse et six de ses enfants. «Quatre d’entre nous sommes blessés, dont un frère qui est malade mental», dit-il. L’un de ses fils, blessé, a été transporté à Kaboul, pour y être soigné.