Hockey sur glaceCommentaire: mais que fait Todd Elik dans le Hall of Fame?
La SIHF a créé un Temple de la renommée visant à honorer ceux qui ont apporté une contribution significative au hockey suisse. Les Romands sont largement ignorés.
- par
- Cyrill Pasche
J’adorais voir jouer Todd Elik à l’époque, comme j’adore voir jouer Chris DiDomenico et ceux à qui il reste encore un soupçon de caractère volcanique de nos jours. Todd Elik était un joueur électrisant à la réputation sulfureuse dans les bistrots de Langnau où il était connu comme le loup blanc, un hockeyeur surdoué mais visiblement un peu taré (sur et hors de la glace), avec qui chaque présence sur une patinoire était un fascinant voyage sur la très fine ligne qui délimite le génie de la folie.
Si je dois garder un souvenir définitif de Todd Elik, je dirais qu’il s’agit surtout de ses doigts d’honneur aux fans adverses et même à ses propres supporters (à Lugano), de sa relation conflictuelle avec les arbitres, de son millier de minutes de pénalité et de son palmarès vierge en Suisse, si ce n’est celui de joueur le plus pénalisé du championnat à cinq reprises.
Une liste incohérente
C’est pourtant la Fédération suisse de hockey qui l’écrit sur son site, où sont répertoriés les hockeyeurs, dirigeants ou encore entraîneurs les plus valeureux et méritants de l’histoire (avec une logique très aléatoire): «Le Temple de la renommée accueille des joueuses et des joueurs (...) ayant apporté une contribution significative au hockey suisse. Toutes et tous sont des pionniers, des moteurs, des inspirateurs, des bienfaiteurs et des exemples à suivre pour nos jeunes, notre relève et l’ensemble de la communauté du hockey suisse (...).»
Que vient donc faire Todd Elik dans ce Hall of Fame? La liste établie par la SIHF vaut toutefois le coup d’œil et prête parfois à sourire, surtout lorsque l’on recherche certains noms (manquants, évidemment) de personnalités romandes ou ayant un lien étroit avec la Romandie.
Où sont passés les Romands?
Chris McSorley, qui a tout de même replacé Genève sur la carte du hockey suisse en une vingtaine d’années certes mouvementées, est notamment l’un des grands absents.
On trouve le Fribourgeois Gil Montandon, le Vaudois Sébastien Reuille et le Franc-Montagnard David Jobin dans le Hall of Fame (c’est très bien), mais pas trace par contre de Goran Bezina ni de Julien Vauclair, pionniers romands en NHL, membres émérites de l’équipe nationale durant de nombreuses années (177 capes pour le Valaisan, 210 pour le Jurassien), et clubistes à Genève-Servette et, respectivement, Lugano. Sandy Jeannin? Un autre pilier de la «Nati» (236 sélections et quatrième Suisse le plus capé de l’histoire) figure aussi aux abonnés absents.
Idem pour Flavien Conne et Olivier Keller, des anciens internationaux et olympiens notamment champions de Suisse avec Lugano. En remontant à peine plus loin dans le temps, on ne trouve pas non plus le nom du Jurassien Bernois Jean-Jacques Aeschlimann, figure de l’équipe nationale durant une décennie, un joueur exemplaire qui a brillé par sa longévité. Sans même remonter trop loin dans le temps, la liste des absents est conséquente.
Chez les femmes, la Jurassienne Sarah Forster, trois participations aux JO et un parcours inspirant à l’étranger, pourrait aussi prétendre figurer dans le Hall of Fame pour avoir été pendant plus d’une décennie la présence romande en équipe nationale.
Chez les arbitres, on ne trouve pas le nom de Didier Massy (deux fois champion avec Lugano), l’un des premiers joueurs en Suisse à avoir embrassé avec succès une longue carrière dans l’arbitrage.
L’initiative de mettre sur pied un Hall of Fame est excellente, encore faut-il que celui-ci soit cohérent. La bonne nouvelle est qu’il n’est jamais trop tard pour procéder à une bonne mise à jour.