Un nouveau procédé pour tester les masques

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Le Laboratoire fédéral d’essai des matériaux a trouvé le moyen de voir dans laquelle des couches le virus est stoppé, facilitant ainsi le développement des masques.

Michel Pralong/Comm
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Des particules parviennent jusqu’à la couche la plus proche du visage, mais on ignorait encore si elles étaient encore infectieuses.

Des particules parviennent jusqu’à la couche la plus proche du visage, mais on ignorait encore si elles étaient encore infectieuses.

Getty Images/iStockphoto

À l’aide d’un nouveau procédé d’analyse, des chercheurs du Laboratoire fédéral d’essai des matériaux (Empa) ont suivi le chemin des virus à travers des masques faciaux pour voir dans quelle couche ils échouaient. Un masque sûr doit répondre à des exigences élevées: il doit repousser les germes, résister aux éclaboussures de gouttes de salive tout en laissant passer l’air pour la respiration. Dans de précédentes expériences «les prises de vues au microscope électronique à transmission ont montré que quelques particules virales parviennent à se frayer un chemin jusqu’à la couche la plus interne du masque, près du visage. Mais les images ne révèlent pas toujours si ces virus sont encore infectieux», explique Peter Wick du laboratoire «Particles-Biology Interactions» de l’Empa à Saint-Gall.

Pour des masques plus performants

L’objectif des chercheurs est de découvrir à quel endroit un virus échoue sur un masque multicouche et quels composants du masque devraient être plus efficaces. «Pour cela, de nouvelles méthodes d’analyse sont nécessaires afin de pouvoir comprendre précisément la fonction protectrice des technologies nouvellement développées, comme les revêtements qui tuent les virus», explique René Rossi, chercheur à l’Empa au laboratoire «Biomimetic Membranes and Textiles» de Saint-Gall.

Car c’est précisément l’un des objectifs du projet «ReMask», dans le cadre duquel la recherche, l’industrie et le secteur de la santé s’associent à l’Empa dans la lutte contre la pandémie afin de développer de nouveaux concepts pour des masques faciaux plus performants, plus confortables et plus durables.

Les virus se colorent en mourant

La nouvelle méthode se base sur le colorant rhodamine R18, qui émet une lumière colorée. On utilise des virus de test inactivés et inoffensifs qui sont couplés au R18 et deviennent ainsi des «beautés mourantes»: ils s’illuminent en couleur dès qu’ils sont endommagés. «La fluorescence indique de manière fiable, rapide et économique si les virus ont été tués», explique Peter Wick.

Le virus qui se brise sur la couche protectrice dégage alors une lumière colorée.

Le virus qui se brise sur la couche protectrice dégage alors une lumière colorée.

Empa

En se basant sur l’intensité avec laquelle une couche de masque s’illumine, l’équipe a pu constater que dans le cas des masques en tissu et des masques hygiéniques, la plupart des virus échouent dans la couche intermédiaire. Dans le cas des masques FFP2, c’est la troisième des six couches qui brille le plus. Ici aussi, la couche centrale intercepte particulièrement beaucoup de virus.

Utile aussi pour les poignées

Les chercheurs ont récemment publié leurs résultats dans «Scientific Reports». Ces connaissances peuvent désormais être utilisées pour optimiser les masques faciaux. En outre, le nouveau procédé peut accélérer le développement de surfaces qui tuent les virus. «Les surfaces présentant des propriétés antivirales doivent répondre à certaines normes ISO, ce qui implique des tests standards complexes», explique Peter Wick. En revanche, le procédé de fluorescence des chercheurs de l’Empa permettrait de déterminer plus facilement, plus rapidement et à moindre coût si un nouveau revêtement est capable de tuer les virus de manière fiable. Cela serait intéressant aussi bien pour les surfaces lisses, comme les plans de travail ou les poignées, que pour les revêtements de textiles à surface poreuse, comme les masques ou les systèmes de filtration.

Et grâce au nouveau procédé, cette connaissance pourrait être intégrée très tôt dans le processus de développement d’applications techniques et médicales. Selon Peter Wick, cela permet d’accélérer l’introduction de nouveaux produits, car seuls les candidats prometteurs doivent passer par des tests normalisés complexes et coûteux.

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