FranceToulouse commémore l’explosion meurtrière d’AZF
Vingt ans jour pour jour après l’explosion qui a coûté la vie à 31 personnes, la Ville rose rend hommage aux victimes en ordre dispersé car certains refusent la présence de Total.
Vingt ans après l’explosion du site AZF, Toulouse (sud-ouest) a commémoré mardi la plus grave catastrophe industrielle en France depuis 1945, dans laquelle 31 personnes avaient péri, avec des hommages en ordre dispersé, signe que les blessures ne sont pas refermées.
Elus, représentants de l’Etat et certaines associations de victimes, dont les anciens salariés d’AZF, se sont réunis en milieu de matinée sur le site de l’ex-usine chimique, entièrement détruite le 21 septembre 2001.
«Pensées aux victimes et à leurs familles. La France se souvient», a réagi sur Twitter le président Emmanuel Macron. Le Premier ministre Jean Castex a également tweeté: «La Nation s’incline respectueusement en mémoire des victimes». Mais aucun membre du gouvernement n’a fait le déplacement à Toulouse.
Comme tous les ans le 21 septembre, les sirènes ont retenti à 10h17 précises (08h17 GMT), heure de l’explosion, puis les noms des 31 personnes décédées ont été égrenés avant le dépôt de gerbes et une minute de silence.
Le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc devait aussi dévoiler un parcours mémoriel, autour d’un mémorial déjà existant qui est l’oeuvre de l’artiste Gilles Conan.
«Le drame a été d’une telle intensité que la douleur est là et la mémoire a du mal à s’apaiser à cause de cette douleur et de douleurs différentes», a-t-il déclaré à l’AFP.
Un peu plus tôt, une autre commémoration s’est tenue à deux kilomètres de là à laquelle ont participé notamment deux associations, les Sinistrés du 21 septembre et «Plus jamais ça», qui ont boycotté la cérémonie officielle.
Celles-ci refusent notamment de figurer aux côtés des représentants de Total qu’elles ont toujours tenus pour responsables de la catastrophe. AZF était la propriété de Grande Paroisse, une fililale du géant pétrolier français.
Vingt ans plus tard et malgré la condamnation définitive de l’ex-directeur du site et de l’entreprise, l’association Mémoire et Solidarité d’anciens salariés d’AZF rejette la thèse retenue par la justice selon laquelle un mélange malencontreux de produits chimiques, dû à des «négligences» ou des «manquements aux obligations de prudence», a provoqué la déflagration.
Le 21 septembre 2001, plus de 300 tonnes de nitrate d’ammonium stockées dans un hangar du complexe chimique d’AZF, à cinq km du centre de Toulouse, explosent.
Dans chaque quartier de la Ville rose, on croit à une explosion près de chez soi, dix jours après les attaques du 11 septembre aux Etats-Unis. La catastrophe fera 31 morts et des milliers de blessés.
Une bataille judiciaire longue de 18 années a abouti à la condamnation en 2017 de l’ex-directeur du site Serge Biechlin à 15 mois de prison avec sursis et 45’000 euros d’amende. La justice a infligé 225’000 euros d’amende à Grande Paroisse.
Total et sa filiale ont été reconnus coupables de «fautes caractérisées» par «maladresse», «négligence» ou encore «manquement aux obligations de prudence». Leurs pourvois en cassation ont été rejetés le 17 décembre 2019.
Aujourd’hui, l’usine a disparu, faisant place à un centre de recherche de pointe contre le cancer et à une centrale photovoltaïque, mais l’épicentre de l’explosion, l’ancien «cratère», reste un terrain vague non dépollué.