Super LeagueLe présent de Servette, c’est de penser à demain
Le déplacement de samedi (20 h 30) à Lugano ne vaut rien. Tout le monde a en tête la finale de la Coupe de Suisse du 2 juin, ainsi que la saison prochaine.
- par
- Valentin Schnorhk
On pourrait survendre le moment. Un Lugano – Servette au Tessin, huit jours avant un Servette – Lugano à Berne pour la finale de la Coupe de Suisse. Pas dupe. Comme si on préparait un match décisif, le match d’une saison, en jouant une rencontre qui ne sert à rien contre le même adversaire. Quoiqu’il advienne du match de samedi (20 h 30) au Cornaredo, Lugano sera deuxième de Super League et Servette troisième, et aucun des deux ne sera franchement plus avancé dans sa préparation de la finale.
Cela ne doit pas être facile pour René Weiler (comme pour Mattia Croci-Torti): comment aborder un tel déplacement, en ne faisant pas largement tourner son équipe, histoire de ne pas perdre le rythme, en ne dévoilant pas ses cartes et en ne prenant pas le risque de voir certains joueurs importants se blesser? L’équilibre parfait n’existe sans doute pas, mais Servette se déplacera à 17 joueurs, sans Antunes et Douline, qui sont ménagés. Sans jeunes intégrés pour l’occasion non plus, à l’exception du récurrent Ouattara.
«Weiler comme moi, nous avons besoin d’avoir des réponses», faisait toutefois remarquer Mattia Croci-Torti, l’entraîneur luganais, vendredi en conférence de presse. À quelles questions? Pour Weiler, c’est surtout de savoir s’il y a une combinaison de joueurs qui lui permette d’être plus menaçante offensivement. Pas sûr qu’il l’ait trouvée, encore moins qu’il la trouvera samedi.
Le mercato s’active
Reste que tout cela résume bien la situation servettienne: tout ce qui est fait aujourd’hui participe surtout d’une réflexion pour demain. Pour la finale de la Coupe de Suisse, forcément. Mais aussi pour la suite, la saison prochaine: Servette doit continuer d’avancer et de penser son équipe. Il s’active.
Excepté les joueurs en prêt (Bolla, Nishimura et Bronn, Servette ayant une option d’achat pour les deux premiers), aucun Grenat n’est en fin de contrat cet été. C’est une bonne planification: l’essentiel des cadres a été prolongé en cours de saison (Frick, Mall, Rouiller, Séverin, Cognat, Antunes). Le Danois Alexander Lyng, qui n’a jamais joué cette saison, pourrait être prêté dans son pays natal pour s’aguerrir.
Il y a aussi des recrues qui se dessinent: comme révélé vendredi matin dans ces colonnes, l’ailier gaucher Julian von Moos est une cible privilégiée pour les Grenat. L’ex-international M21 arrive en fin de contrat à Saint-Gall: il est donc libre de signer où il veut, sans indemnité de transfert. Ce serait un coup intéressant pour Servette.
L’autre renfort possible, c’est Sofyane Bouzamoucha. Ce n’est pas une surprise: Servette avait déjà manifesté son intérêt cet hiver, mais son club de Rouen, en National, avait refusé de le libérer. Cela semble plus probable cet été: le défenseur central de 24 ans pourrait s’engager rapidement. Une indemnité de transfert est évoquée, mais celle-ci dépend aussi du destin de son club, actuellement en proie à des difficultés financières et qui pourrait déposer le bilan.
Le cas Weiler
À quel point René Weiler est-il intégré à ces réflexions? En interne, lui fait comprendre qu’il aimerait avoir un droit de regard sur tout. Notamment en ce qui concerne la gestion du contingent. Au club, certains soutiennent que c’est le cas, qu’aucun recrutement ne se fait sans son aval. Il y a eu le cas Bedia, qui est parti cet hiver contre le gré de l’entraîneur, c’est vrai. Cela pouvait se justifier: à six mois de la fin de son contrat, la somme (environ 2 millions de francs) était difficilement refusable pour Servette. Sauf qu’il n’a pas été remplacé et que Weiler a dû composer à un buteur de moins, c’est vrai aussi.
Que Weiler aimerait avoir plus la main, cela ne fait aucun doute. Est-ce que cela est possible ou souhaitable, c’est une autre question. De fait, l’avenir de l’entraîneur reste en suspens. Et on peut bien imaginer que son poste puisse faire des envieux. Si Weiler devait choisir de partir, Servette n’aurait aucun mal à trouver un remplaçant compétent. Il s’agit ensuite d’en déterminer le profil, surtout, et la malléabilité, peut-être.
Qu’il soit proche ou un peu plus lointain, il n’y a plus que l’avenir qui agite Servette.