TurquieReprise du procès du maire d’Istanbul à l’approche des élections
Poursuivi pour «insulte», Ekrem Imamoglu, figure de l’opposition turque, risque d’être interdit d’activité politique.
Le procès pour «insulte» du maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu reprend mercredi. Vu comme l’étoile montante de la scène politique turque lors de son élection en 2019, il risque, s’il est condamné, d’être écarté de la vie politique, à quelques mois des élections présidentielle et législatives en juin 2023 en Turquie. Lors d’une précédente audience en novembre, le procureur a requis entre quinze mois et quatre ans de prison contre cette figure de l’opposition turque pour une remarque qui a été considérée comme une «insulte» envers les membres du Haut conseil électoral turc. Dès le début de la matinée mercredi, et comme lors des précédente audiences, les abords du tribunal, sur la rive asiatique d’Istanbul, ont été complètement fermés et les rues barrées par la police, a constaté l’AFP.
Membre du CHP (social-démocrate), principal parti d’opposition au pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan, l’édile de 52 ans estime que son procès est «politique». «C’est vraiment triste d’en arriver là, mais je veux malgré tout faire confiance aux juges», a-t-il affirmé mardi soir lors d’une interview sur la chaîne privée turque TV100. M. Imamoglu s’est retrouvé dans le viseur du régime après avoir infligé en mars 2019 sa plus humiliante défaite au parti de M. Erdogan, en remportant la mairie d’Istanbul qui était dirigé depuis 25 ans par le parti AKP au pouvoir. Son élection a d’abord été annulée par le gouvernement, contraint de s’incliner trois mois plus tard face à la mobilisation de l’électorat qui a offert une plus large victoire à l’opposant.
«Idiots»
Quelques mois plus tard, Ekrem Imamoglu a jugé «idiots» ceux qui avaient invalidé sa première élection, ce qui lui vaut d’être poursuivi en justice. «Je ne faisais que répondre, en lui renvoyant ses propres termes, au ministre de l’Intérieur qui m’avait traité d’idiot», a affirmé l’édile.
Alors que M. Imamoglu risque d’être interdit de politique, l’alliance de l’opposition, composée de six partis dont le CHP, n’est toujours pas parvenue à désigner un candidat commun pour la présidentielle qui doit se tenir d’ici six mois. Le maire d’Istanbul compte parmi une poignée de leaders d’opposition que les sondages donnent gagnants face à M. Erdogan, confronté à une grave crise économique et à une inflation officielle autour de 85%. Mais le leader du CHP, Kemal Kilicdaroglu, préférerait se présenter lui-même, selon de nombreux observateurs.
Tout en affirmant son soutien au chef de son parti, M. Imamoglu n’a pas fermé la porte à son éventuelle candidature, assurant que ses «épaules sont capables de porter toutes sortes de responsabilité».