FootballJérémy Frick: «Je ne pars jamais dans l’idée d’être remplaçant»
Le portier grenat a été impérial jeudi contre Ludogorets (1-0). Ses sept arrêts ont largement participé de la qualification pour les 8es de finale de la Conference League.
- par
- Valentin Schnorhk - Razgrad
La dignité n’est pas donnée à tout le monde. D’autant qu’elle se fout pas mal du contexte. Pour le Servette FC, Jérémy Frick est un capitaine digne. Parce qu’après cette victoire 1-0 sur la pelouse du Ludogorets Razgrad dans laquelle il s’est sacrément illustré, il pourrait demander des comptes, rappeler qu’il ne mérite pas moins que Joël Mall d’être le titulaire dans les buts même lorsqu’il s’agit de la Super League et que la manière dont il a été fait doublure en championnat a été un petit peu abrupte.
Sans doute qu’au fond de lui ou quand il évoque le sujet avec ses proches, il peine à masquer sa déception. Logique. Mais au-delà de ça, face aux micros et, surtout, sur le terrain en Coupe d’Europe, Jérémy Frick offre les meilleures réponses qui soient: l’humilité et les performances lorsque vient son tour de jouer. Comme pour cette double confrontation contre Ludogorets, comme lors du déplacement de mercredi prochain à Delémont en Coupe de Suisse. Comme donc lors des 8es de finale de Conference League les 7 et 14 mars prochains.
Sept arrêts réalisés
«Moi, je me suis préparé pour ces matchs, fait simplement remarquer le Genevois de bientôt 31 ans. Je suis professionnel. Je pars du principe que je joue chaque match et je ne pars jamais dans l’idée que je vais être remplaçant. Même en championnat. Alors je m’entraîne chaque jour au mieux, c’est ce qui me permet peut-être de rester dans le coup.»
Peut-être même un peu plus que ça. Frick ne déçoit pas: il a gardé à deux reprises sa cage inviolée lors de ce barrage contre Ludogorets. Cela était un peu plus simple à l’aller, où les Bulgares n’avaient rien tenté ou presque, excepté lors du premier quart d’heure, qu’au retour. Jeudi, dans cette Huvepharma Arena, le portier grenat a dû se montrer intraitable.
Le nombre d’arrêts réalisés est conséquent en soi: il en a eu sept à effectuer. Mais plus évocateur peut-être, la statistique avancée qui dit que Frick «aurait dû encaisser» près de deux buts, selon le modèle des Post-shot expected goals. Il lui fallait être présent.
«La première période était assez tranquille, avec essentiellement des frappes anodines qui m’ont laissé dans le match, développe-t-il. Et puis, nous avons subi. Il y avait alors des arrêts à faire. Ce n’était pas les plus durs, mais il fallait les faire. Tant mieux pour nous, cela nous a souri.» On pense notamment à la tête de Kwadwo Duah sur corner (49e) qu’il fallait repousser. Il y a aussi eu ce duel en plusieurs actes avec Caio Vidal: il a fallu à Frick une claquette à la 52e minute, ou deux bonnes sorties aux alentours de la 70e minute.
«Beaucoup de fatigue»
Les ingrédients qu’il fallait. Parce qu’il était sans doute difficile d’en faire plus. C’est là aussi Frick qui le reconnaît, conscient que rien n’était évident: «Contre Lugano dimanche, nous avons lâché beaucoup d’énergie, notamment mentalement, détaille-t-il. J’ai vu beaucoup de fatigue aujourd’hui, Ludogorets était plus frais que nous. Notamment sur les côtés. Et pourtant, c’est rare de voir Keigo Tsunemoto fatigué.»
Frick, lui, avait cette fraîcheur. Elle a servi les Grenat. «Pour l’histoire de Servette, cette qualification est un exploit», assure le gardien. Il y a les paroles d’un homme qui veut laisser une trace, marquer son passage. Il est en train de le faire. Même si son intime souhait voit plus loin: remporter un titre. Le chemin le plus rapide? Les Coupes. Cela tombe bien, Jérémy Frick est destiné à les jouer.