CyclismeDes centaines de cyclistes, d’amis et de fans ont rendu un dernier hommage à Gino Mäder
Le vélodrome d’Oerlikon (ZH) a été envahi par près de deux mille personnes, afin de saluer une dernière fois le cycliste bernois décédé la semaine dernière et soutenir sa famille.
- par
- Robin Carrel Wetzikon/Oerlikon
Spitalstrasse, Wetzikon. Huit heures, samedi matin. Des sourires, des vélos, des accents de toute la Suisse en italien, en suisse allemand et en français. Et… quatre cyclistes dans la catégorie des moins de 11 ans au départ. Une dizaine de jours après le drame qui a frappé la discipline, la petite reine helvétique s’est remise en selle.
Quelques minutes plus tard, au tour des athlètes en situation de handicap, des «masters», comme on dit, de s’élancer. En fin de matinée, ça a été au tour des meilleures espoirs féminines de partir à la conquête du maillot rouge à la croix blanche. Dimanche, ce seront les meilleurs garçons et les professionnels qui tenteront de remporter le titre national dans ce coin du canton de Zurich où la bicyclette est presque religion. Enfin, ceux qui auront le goût de le faire…
Le programme de la semaine a été un peu bouleversé par les événements, forcément. Les contre-la-montre de jeudi ont été repoussés à la fin de l’été et l’agenda de ce samedi a été décalé. Il fallait faire de la place au magnifique hommage rendu par toute la famille du cyclisme à Gino Mäder, parti trop tôt lors d’une étape de montagne de son Tour national, organisé par l’entourage du coureur.
Tous ceux qui voulaient honorer une dernière fois le Bernois de 26 ans se sont retrouvés sur la ligne de départ de ces Championnats de Suisse. Ils étaient un millier à avoir enfourché leur petite reine et pris la direction du vélodrome d’Oerlikon, un endroit qui était très important pour Gino. Une procession sur route fermée de quelque 25 kilomètres où les larmes ont succédé aux rires, à l’heure d’évoquer les souvenirs que les participants avaient en commun.
La famille ne voulait pas crouler sous les fleurs. Elle avait appelé en amont de la manifestation à faire un don directement à la maman de Gino, pour qu’elle puisse reverser le tout à des organisations caritatives qui agissent pour la protection des animaux et de l’environnement. Des causes qui étaient chères à son fils, quand il n’était pas sur son vélo. L’appel a de nouveau été relayé sur les tables prêtes pour l’apéro d’après-hommage.
Au Vélodrome zurichois, les grilles ont été ouvertes plus tôt que prévu. Des gens commençaient à s’impatienter bien avant l’heure. Des chips, des cacahuètes et des donuts les attendaient, mais il a fallu clouer les assiettes en bois aux tables, parce que le vent faisait tout s’envoler. Il avait au moins le bon goût de sécher les larmes de ceux qui sont allés se recueillir devant une photo de Gino Mäder, son vélo et son maillot de meilleur grimpeur qu’il avait enfilé sur le Tour d’Italie il y a trois ans.
Stefan Küng, Stefan Bissegger et tous leurs compères des pelotons professionnels étaient aussi là, au milieu de la nuée de ses amis, connaissances, familles ou simples fans. «Où que soit Gino actuellement, il aurait été fier de voir ce qu’il s’est passé aujourd’hui à Zurich. Aujourd’hui, on va pleurer, on va rire pour se rappeler de lui. Dans la vie, Gino faisait ce qu’il voulait, faisait ce qu’il aimait. Il suivait sa voie», a dit le maître de cérémonie, avant d’égrainer son palmarès.
Les larmes ont fini par couler dans l’assistance, lorsque le cousin de Gino Mäder a lu une lettre écrite par Meret, la copine du défunt: «Ta valise est encore ouverte à la maison. Je cherche toujours les mots… Tu étais ma constance dans la vie, mon présent, mon avenir. Ça fait tellement mal, Gino. On est tous ensemble aujourd’hui, mais moi tout ce que je voudrais c’est être à côté de toi. Merci de m’avoir aidée, ces dernières années, à devenir celle que je suis aujourd’hui.»