Jura bernois: La tour fermée l’été dernier devient un mausolée

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Jura bernoisLa tour fermée l’été dernier devient un mausolée

Après l’écroulement partiel de l’ouvrage dessiné par l’architecte Mario Botta, l’enquête englobe des tiges métalliques introduites dans les marches par le marbrier.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

La fraîcheur est toute relative à 1328 mètres, au sommet de la montagne de Moron. En passant au pied de la tour panoramique dessinée par l’architecte tessinois Mario Botta et construite par 700 apprentis maçons, les randonneurs font halte sans pouvoir accéder au site clôturé depuis un an, lorsque à deux reprises, des marches d’une tonne ont cassé à fleur de noyau. L’attraction touristique s’est transformée en mausolée macabre.

Inaugurée en 2004, la «tour de la formation professionnelle» est haute de 29,97 mètres, avec 181 marches en pierre et 18 en métal. Depuis que son escalier hélicoïdal est édenté, sa plate-forme est inaccessible: «Il est impossible de monter en haut de la Tour pour une durée indéterminée», est-il écrit.

Sur un panneau marqué «Défense d’entrer», un entrepreneur de Malleray décline toute responsabilité en cas d’accident: la chute de marches de 400 kilos peut survenir à tout moment, après celles découvertes au sol le 21 mai et le 22 juin 2022. Pas question pour la fondation de déblayer les gravats avant la fin de l’enquête, même si le Ministère public a autorisé le nettoyage du site.

Calcaire espagnol

Dans une plainte pénale, la fondation de la Tour de Moron a dénoncé le «non-respect de la qualité exigée». Préféré au calcaire jurassien trop poreux, le calcaire espagnol a été testé par des laboratoires fédéraux, mais les marches en granit ne présentent pas toutes la même qualité.

Un marbrier a consolidé un tiers, voire la moitié des marches de 400 kilos avec une armature métallique, ce qu’ignorait le maître d’ouvrage. Selon «Le Quotidien Jurassien», ce professionnel est un octogénaire spécialisé par les monuments funéraires dont l’entreprise a fait faillite.

C’est en découvrant des microfissures au sciage que le marbrier a décidé de renforcer des marches avec des tiges métalliques en pratiquant des entailles et en utilisant une colle. Selon lui, le double effondrement a été provoqué par des ouvriers qui ont posé des marches quand le béton était encore humide.

En porte-à-faux

Avec sa structure archaïque et son escalier en porte-à-faux, la Tour de Moron a été construite en cinq ans à la manière d’un château moyenâgeux. Plus que le salpêtre, en raison de l’absence d’ammoniac à cette altitude, le calcium peut avoir joué un rôle en laissant avec l’humidité un dépôt blanc à la surface de l’ouvrage.

La Tour de Moron a nécessité 350 tonnes de pierre calcaire, ajoutées à 130 m3 de béton pour le noyau, 100 tonnes d’acier dans l’armature et 20 tonnes de charpente métallique. D’un poids avoisinant 1000 tonnes, elle a été conçue pour affronter des vents de 200 km/h et des tremblements de terre de 6,5 sur l’échelle de Richter.

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