TennisStan Wawrinka: «Le tourbillon peut aller très vite»
Le Vaudois de 37 ans, battu lundi au 1er tour de Roland-Garros par Corentin Moutet (2-6 6-3 7-6 6-3), évoque son match très imparfait, sa déception et l’immense chantier qui l’attend.
- par
- Simon Meier Paris
Après ce très bon premier set, que s’est-il passé?
C’est sûr que c’était un bon set, même si lui était un peu en dedans. Après, c’est toujours une déception de perdre au 1er tour d’un Grand Chelem, mais c’est la réalité de là où j’en suis actuellement. Pour jouer bien un tel match, il me faudra encore beaucoup d’entraînement et de travail au niveau de mon physique, de mon tennis. Ce n’est pas que je joue mal. Mais je ne suis pas encore au niveau qui me permettrait de me sentir bien sur un match comme ça. C’est la réalité. Malheureusement, il faut passer par des moments comme ça pour retrouver ses sensations.
À quel point cette défaite, comme celle contre Djokovic à Rome, peut-elle vous aider?
Il y a toujours du positif, bien sûr. Je sens que ça continue à avancer, que les choses se mettent en place petit à petit. Là, tout de suite, il y a d’abord de la déception. J’ai toujours envie de mieux faire et je sais que j’en étais capable. Mais en même temps, quand j’ai repris l’entraînement fin février-début mars, je savais qu’il me faudrait beaucoup de temps pour me remettre à niveau, être prêt à jouer un bon match.
Êtes-vous à 100% physiquement?
(Sourire, hésitation.) Oui, je suis à 100%, mais pas encore «fit» comme je le voudrais. Au niveau de mon tennis, c’est pareil. Il faut continuer à travailler, s’entraîner, faire des blocs de préparation physique et jouer des matches. Je sens que je me rapproche, mais il me faudra encore quelques semaines, quelques mois.
Le format d’un match en cinq sets vous a-t-il empêchés de vous sentir à l’aise?
Non. Après ce bon premier set, le début du deuxième a été important. Lui a commencé à en mettre un peu plus et moi, je me suis mis à me montrer plus hésitant dans mon jeu. Et ça tourne très vite, surtout quand on est à la recherche de confiance, de tout. Dès que ça part du mauvais côté, le tourbillon peut aller très vite.
Au début du troisième set, vous avez exprimé de la colère. À quel point est-ce frustrant de ne pas réussir ce que vous réussissiez par le passé?
La frustration ne vient pas de la comparaison avec ce que je faisais avant. Je suis dans le moment présent. Là, j’étais frustré parce que je sais que je pouvais faire mieux aujourd’hui avec les moyens qui sont les miens. Après, la tête réfléchit un peu trop, et physiquement il y a vite des hésitations. Dès qu’on perd le peu de confiance qu’on a, c’est difficile.
Avez-vous pensé pouvoir gagner ce match?
Bien sûr que je suis entré sur le terrain en pensant gagner ce match et en voulant le faire. Pendant le match aussi, j’ai espéré pouvoir le faire, d’où la frustration. Je sais que je suis capable de gagner une partie comme celle-ci, et je ne l’ai pas fait. C’est frustrant, malgré le fait que j’en sois où j’en suis aujourd’hui. Je sais que je dois faire mieux, tout simplement.
Avez-vous souffert d’une forme de trac, pour votre retour sur scène à Roland-Garros?
Pas par rapport à Roland-Garros, au contraire. Je me sens mieux sur un match ici qu’à Monaco, par exemple. La nervosité ne vient pas en fonction de l’endroit où je joue, mais par rapport à où j’en suis actuellement. Je suis à la recherche d’énormément de choses et, pendant toute ma carrière, ça a toujours pris du temps pour me construire, remettre toutes les pièces du puzzle ensemble. Donc, forcément, à mon âge et en ayant été absent du circuit si longtemps, ça prend du temps, tout simplement. Il faut être lucide, humble, et savoir ce dont j’ai envie. Je sais que je peux revenir à un très bon niveau, j’en suis convaincu – il y a trop de choses qui me disent que j’en suis capable.
Quel est votre planning pour les prochaines semaines?
Normalement, ce sera le Queen’s puis Wimbledon – c’est ce que dit le programme. Maintenant, il va falloir qu’on en parle avec mon équipe. Perdre d’entrée à Roland-Garros ou franchir deux-trois tours, ça change énormément la donne. On va prendre le temps, ces prochains jours, d’analyser la situation.