Niger: Séquestré par des militaires, Bazoum rejette le coup d’Etat

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NigerSéquestré par des militaires, Bazoum rejette le coup d’Etat

Le régime du président nigérien, séquestré par des militaires putschistes à Niamey qui affirment l’avoir renversé, a rejeté jeudi ce coup d’Etat, en assurant représenter les «autorités légitimes» et appelant au dialogue.

Des partisans du président nigérien, Mohamed Bazoum, se rassemblent pour lui manifester leur soutien à Niamey, le 26 juillet 2023.

Des partisans du président nigérien, Mohamed Bazoum, se rassemblent pour lui manifester leur soutien à Niamey, le 26 juillet 2023.

AFP

Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger, jusqu’alors allié des pays occidentaux, devient le troisième pays du Sahel miné par les attaques de groupes liés à l’Etat islamique et à Al-Qaïda, à connaître un coup d’Etat depuis 2020. «Les acquis obtenus de haute lutte seront sauvegardés. Tous les Nigériens épris de démocratie et de liberté y veilleront», a déclaré le président nigérien Mohamed Bazoum, dans un message publié jeudi matin sur Twitter, rebaptisé X, quelques heures après que des militaires ont annoncé sur la télévision nationale avoir renversé le président élu démocratiquement en 2021.

«Pas la totalité de l’armée»

«Nous sommes les autorités légitimes et légales», a de son côté déclaré sur France 24, Hamoudi Massoudou, chef de la diplomatie nigérienne et chef du gouvernement par intérim en l’absence du Premier ministre qui était en déplacement au moment du putsch. «Il y a eu une tentative de coup d’Etat», mais «ce n’est pas la totalité de l’armée qui a engagé ce coup d’Etat», a assuré M. Massoudou, depuis Niamey. «Nous demandons à ces officiers factieux de rentrer dans les rangs. Tout peut s’obtenir par le dialogue mais il faut que les institutions de la République fonctionnent», a-t-il poursuivi.

Il a également lancé «un appel à l’ensemble des patriotes et démocrates nigériens pour qu’ils se lèvent comme un seul homme pour dire non à cette action factieuse qui tend à nous ramener dix ans en arrière et à bloquer les progrès de notre pays».

Frontières fermées, état d’urgence

La junte, qui rassemble tous les corps de l’armée, de la gendarmerie et de la police, a suspendu les institutions, fermé les frontières terrestres et aériennes, instauré un couvre-feu de 22h00 à 5h00 (21h00 à 4h00 GMT). Cette annonce est intervenue à l’issue d’une journée de tensions, mercredi, à Niamey, marquée par ce que le régime avait appelé «un mouvement d’humeur» de la garde présidentielle, qui retient le président Bazoum dans sa résidence officielle.

Des pourparlers entre M. Bazoum et la garde présidentielle pour tenter de trouver une solution, sans que l’on sache quelles étaient les exigences des militaires, ont échoué. Avant l’annonce du putsch, une médiation ouest-africaine devait tenter jeudi de trouver une solution à ce qui n’était encore qu’une tentative de coup d’Etat en cours, dénoncée par l’ensemble des partenaires du Niger.

Le putsch annoncé a été vivement condamné par tous les partenaires du Niger et le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a dit avoir pu parler avec M. Bazoum mercredi pour lui assurer «clairement que les États-Unis le soutenaient résolument en tant que président démocratiquement élu du Niger», exigeant sa libération immédiate. La France a condamné «toute tentative de prise de pouvoir par la force» au Niger, ainsi que l’Allemagne qui a appelé à «libérer immédiatement le président démocratiquement élu « et demandé à l’armée «de retourner dans ses casernes».

Histoire jalonnée de coups d’Etat

Le Niger est l’un des derniers alliés des pays occidentaux dans une région du Sahel ravagée par la violence jihadiste et dont deux voisins, le Mali et le Burkina Faso, dirigés par des militaires putschistes, se sont tournés vers d’autres partenaires, dont la Russie. C’est en particulier un partenaire privilégié de la France dans le Sahel qui y a déployé 1500 soldats.

L’histoire du Niger est jalonnée de coups d’Etat: depuis l’indépendance de cette ex-colonie française en 1960, il y en a eu quatre, le premier en avril 1974, contre le président Diori Hamani, le dernier en février 2010, qui a renversé le président Mamadou Tandja. Sans compter les tentatives de putsch, nombreuses.

(AFP)

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