Proche-Orient: La guerre en Israël met le feu à la politique en Suisse

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Proche-OrientLa guerre en Israël met le feu à la politique en Suisse

Ce week-end terrifiant dans le sud de l’État hébreu et la bande de Gaza va relancer la question du statut du Hamas en Suisse. Terroriste ou pas?

Eric Felley
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Eric Felley
En tant que chef des affaires étrangères, Ignazio Cassis doit aussi jouer l’arbitre en Suisse entre pro-Israéliens et pro-Palestiniens.

En tant que chef des affaires étrangères, Ignazio Cassis doit aussi jouer l’arbitre en Suisse entre pro-Israéliens et pro-Palestiniens.

20 minutes/Simon Glauser

L’attaque du Hamas contre Israël samedi a évidemment des répercussions en Suisse. La résurgence sanglante et dramatique du conflit israélo-palestinien réveille les antagonismes existants sous la Coupole fédérale entre pro-Israéliens et pro-Palestiniens. En juin 2020, l’annexion partielle de la Cisjordanie par l’État israélien avait déjà divisé le Parlement. Le chef de la diplomatie helvétique, Ignazio Cassis, avait été accusé de faire le jeu des Palestiniens, alors qu’au début de son mandat, on lui avait reproché le contraire: il avait émis des critiques sur l’UNWRA, l’organisme de l’ONU qui vient en aide aux réfugiés palestiniens.

Samedi, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a réagi sans détour: «La Suisse condamne les tirs de roquettes effectués aujourd’hui par le Hamas et les attaques menées contre Israël depuis la bande de Gaza. La population civile doit être protégée et le droit international doit être respecté en tout temps. Nous demandons un arrêt immédiat de la violence afin d’éviter une nouvelle escalade». La Suisse a demandé également «la libération immédiate des personnes qui ont été prises en otages et sont actuellement détenues à Gaza».

«Attaques terroristes» pour le PLR

À la suite de ces événements, dont on ignore pour l’instant s’ils ont fait des victimes suisses, le dossier israélo-palestinien resurgit dans l’actualité politique. Dimanche, le président du PLR, Thierry Burkart (AG) a déclaré sur le réseau social X: «Les attaques terroristes du Hamas contre Israël doivent être condamnées dans les termes les plus fermes. Israël bénéficie de toute ma solidarité car rien ne justifie le terrorisme. Israël a le droit, en vertu du droit international, de se défendre contre le terrorisme».

Solidarité avec les populations civiles à gauche

Au Parti socialiste, le conseiller national Fabien Molina (ZH) ne parle pas de terrorisme, ni de Hamas, mais rajoute les Palestiniens à ses pensées: «Le Parti socialiste suisse et moi-même sommes choqués par les souffrances que l’escalade de la violence provoque parmi la population civile en Israël et en Palestine. Nos pensées vont aux victimes. Le droit international humanitaire doit être respecté. Les attaques contre des civils ne sont jamais légitimes!»

Très impliqué dans les questions qui touchent le conflit au Proche-Orient, par ailleurs président du groupe d’amitié Suisse-Palestine au Parlement, Carlo Sommaruga (PS/GE) condamne également l’attaque de samedi et y intègre aussi les civils palestiniens.

Mais le Genevois est attaqué par divers intervenants sur le soutien qu’il a accordé par le passé à différentes organisations propalestiniennes: «Aucune solidarité avec la population civile israélienne ne peut être attendue de la part du conseiller aux États genevois Carlo Sommaruga, écrit un intervenant. En tant que social-démocrate typique, il préfère travailler comme lobbyiste pour les islamofascistes».

Le conseiller national Christian Wasserfallen (PLR/BE) dénonce sur le réseau social X: «Le Groupe d’amitié parlementaire Suisse-Palestine est composé uniquement de gauchistes et de Verts. Dans le passé, certains d’entre eux ont même invité des combattants du Hamas au Palais fédéral».

Le caractère «terroriste» du Hamas

La conseillère nationale argovienne Marianne Binder (C/AG) estime dans la presse alémanique que le Hamas doit figurer dorénavant sur la liste des organisations terroristes interdites en Suisse: «L’organisation est une menace pour notre système de sécurité et, de manière générale, une menace pour tous les États libéraux et démocratiques». Le caractère terroriste du Hamas a fait l’objet de deux votes récents au Conseil national. En 2018, celui-ci avait refusé un postulat en ce sens de Christian Imark (UDC/SO). Le Conseil fédéral avait précisé: «Le Hamas n’est pas soumis aux sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU, comme celles soutenues par la Suisse contre les groupes Al-Qaïda et État islamique».

«Un aspect purement humanitaire»

Le 16 juin 2022, le Conseil national a aussi refusé nettement une initiative parlementaire de Lukas Reimann (UDC/AG), qui allait dans le même sens. Rapporteur de la commission, Pierre-Alain Fridez (PS/JU) a déclaré alors: «Prendre une position de principe qui couperait tous les ponts avec un des protagonistes de la région aurait certainement un impact négatif sur les possibilités d’aides et de bons offices réalisés par notre pays. Les contacts que la Suisse entretient avec le Hamas visent un aspect purement humanitaire, essentiel quand on pense aux conditions de vie très difficiles pour la population de la bande de Gaza».

Mais les événements choquants de ce week-end pourraient changer la donne si la question est à nouveau posée. Et elle le sera très probablement. Dans les médias alémaniques, le conseiller national Benjamin Fischer (UDC/ZH) demande que la Suisse cesse ses versements aux œuvres d’entraide palestiniennes: «Il est intolérable que nous, en tant qu’État neutre, financions un régime de terreur et des agresseurs».

D’ici à la session de décembre, Ignazio Cassis va devoir reprendre le dossier et apporter de nouvelles réponses à une situation qui a brutalement changé. Son propre parti a communiqué lundi qu’il exigeait que le Hamas soit considéré comme une organisation terroriste. Cependant, en juin 2022, son groupe avait pourtant voté contre à une très grande majorité (24 à 2). Lundi en fin de journée, Ignazio Cassis a fait savoir que la Suisse ne pouvait pas légalement le faire dans la configuration actuelle. Le sujet sera sur la table du Conseil fédéral ce mercredi.

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