FranceGrève du rail oblige, le week-end de Noël s’annonce sous le signe de la gabegie
Les contrôleurs de trains français ont décidé de débrayer ce week-end, contre l’avis des syndicats. Des centaines de TGV sont annulés et la plupart des trains maintenus affichent complet.
Quelque 200’000 voyageurs cherchaient mercredi à sauver leur week-end de Noël, après la suppression de leurs trains en raison d’une nouvelle grève des contrôleurs, vertement critiqués par la SNCF et le gouvernement pour ne pas se satisfaire des 12% d’augmentation de salaire accordée en deux ans. La grève agace d’autant plus la direction de la compagnie que les contrôleurs ont lancé cette grève en s’organisant sur Facebook, par-dessus les syndicats.
Seulement deux trains sur trois rouleront ce week-end, selon l’estimation globale de la SNCF. Les annulations concernent presque exclusivement des TGV. Vendredi, deux TGV sur trois devraient circuler sur les axes Atlantique et Méditerranée, un train sur deux sur l’axe Nord et trois TGV Est sur quatre. Les TGV entre gares de province seront plus touchés.
Samedi et dimanche, ce sera encore pire que vendredi
Pour samedi et dimanche, le site Internet de la compagnie montre des taux d’annulation beaucoup plus élevés que vendredi, en particulier pour les gares secondaires: 10 des 20 TGV Paris-Rennes apparaissent supprimés samedi (50%), ainsi que 13 des 22 TGV Paris-Bordeaux dimanche (59%), et huit des 11 TGV Paris-Angoulême dimanche (73%).
Billets remboursés à 200%
Les voyageurs dont le train a été supprimé pourront changer leur billet sans payer la différence de prix, répète la SNCF. Mais la plupart des trains maintenus sont déjà complets. Devant la boutique à la gare de Lyon, à Paris, mercredi matin, certains ne dissimulaient pas leur agacement. «Privilégiés», «ça arrive tous les trois mois», s’énerve un homme qui se demande comment il rentrera chez lui avec femme et enfants…
L’an dernier, une grève avait aussi gâché le premier week-end des départs en vacances de Noël, et la compagnie ferroviaire avait pour la première fois décidé de rembourser les voyageurs le double du montant de leur billet annulé. Le PDG de SNCF Voyageurs, Christophe Fanichet, a renouvelé la mesure, mercredi. À la gare de Lyon, plusieurs clients interrogés mercredi n’ont pas été remboursés à 200%, les agents disant que l’informatique ne suivait pas encore. «C’est en train d’être mis en place», assure SNCF Voyageurs.
«À Noël, on ne fait pas grève!» s’emporte Olivier Véran
«À Noël, on ne fait pas grève!» a aussi tempêté le porte-parole du gouvernement Olivier Véran. «Je ne remets en cause évidemment ni le droit de grève ni le droit de salariés de manifester ou de se mobiliser. Mais franchement, est-ce que c’est indispensable de le faire un week-end de Noël? La réponse est non», a estimé le ministre sur France Inter.
Les contrôleurs avaient déjà fait grève le premier week-end de décembre. Depuis novembre, la SNCF peine à nouer le dialogue avec les organisateurs du mouvement, qui réclament une meilleure reconnaissance de la spécificité de leur métier et sont indépendants des syndicats, même s’ils ont dû s’appuyer sur ces derniers pour déposer des préavis.
1200 euros de plus par an, ce n’est pas assez
La direction a proposé d’augmenter la «prime de travail» des chefs de bord (le nom officiel des contrôleurs) de 600 euros par an, dont une partie serait intégrée à leur salaire en 2024, ainsi qu’une indemnité supplémentaire de 600 euros bruts par an. Des propositions jugées suffisamment satisfaisantes pour que l’Unsa-Ferroviaire retire son préavis et que la CGT-Cheminots et SUD-rail n’appellent pas à arrêter le travail. Des centaines de contrôleurs en ont décidé autrement.